L'analyse de Bernard Aybran

Des marchés déconnectés, mais de quoi ?

Publié le 10 juillet 2020 à 15h36

Bernard Aybran

La déconnexion entre l’économie et les marchés financiers semble majeure, cette année. 2020 devrait voir la pire récession de l’après-seconde guerre mondiale, que ce soit en Europe ou dans le monde. Les bénéfices des sociétés cotées dans le monde devraient se contracter de plus de 20 %. Et pourtant, de nombreux marchés actions ont connu un excellent deuxième trimestre, le meilleur depuis vingt ans pour le S&P 500. Est-il donc désormais prouvé que les marchés financiers sont déconnectés de l’économie dite «réelle» ?

Tout d’abord, la distinction faite entre sphères financière et «réelle» paraît fragile : les taux d’intérêt déterminés sur les marchés sont bien ceux qui, en fonction du risque de chaque emprunteur, s’appliqueront aux Etats, ménages et entreprises qui s’endettent. En sens inverse, la marche «réelle» – sous-entendu non financière – des entreprises cotées détermine bien le mouvement des marchés. A ceci près que les marchés ne se préoccupent que rarement des niveaux absolus. Ils cherchent toujours à anticiper, se focalisant sur les points d’inflexion, ce que les mathématiciens appelleraient la «dérivée seconde». Ainsi, le récent rebond entamé en mars a coïncidé avec une inflexion très claire : les prévisions de bénéfices ont cessé de se dégrader pour les grands marchés ; elles se sont même améliorées de 1,8 % depuis la mi-mai, pour les actions mondiales. Déconnectés, les marchés le sont probablement du présent. Ils tentent en revanche de rester en connexion avec l’avenir, même s’il ne s’agit que de prévisions qui peuvent se voir infirmées. Connectés, les marchés le sont. Infaillibles, vraisemblablement pas.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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