Dette : une charge bien légère ?

Publié le 28 juin 2019 à 11h39    Mis à jour le 28 juin 2019 à 15h02

Bernard Aybran

Depuis toujours, la situation semblait claire : celui qui s’endette doit rembourser sa dette, principal et intérêts, qui dépend de nombreux paramètres, parmi lesquels la durée du crédit, l’utilisation des fonds, la solvabilité de l’emprunteur. Le taux d’intérêt atteint un niveau plus ou moins élevé, mais un niveau a priori positif, reflétant la préférence pour le présent des agents économiques : chacun préfère disposer d’un euro maintenant que dans le futur.

Depuis quelques années, cette règle semble moins assurée et les obligations dont le taux nominal est négatif pèsent désormais près de 13 000 milliards de dollars, soit près du quart du stock d’obligations mondiales. Et ces chiffres ne comptabilisent que des rendements nominaux, alors que les taux d’intérêt ont en particulier comme justification de compenser la dépréciation de la monnaie dans le temps, autrement dit l’inflation. Si l’on compte les obligations dont le taux réel est négatif, c’est alors près de la moitié du stock d’obligations mondiales qui est concerné.

Alors que la Réserve fédérale américaine s’apprête à abaisser ses taux directeurs et que la Banque centrale européenne pourrait suivre, il semble que le phénomène des taux négatifs pourrait se répandre, s’approfondir, s’installer. Désormais, pour bien des agents économiques, s’endetter rapporte de l’argent. Ne doit-on donc plus parler de charge de la dette ? La préférence pour le présent a-t-elle disparu ? Bien des raisonnements sont à revoir.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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