Exubérance rationnelle

Publié le 24 janvier 2020 à 11h53    Mis à jour le 24 janvier 2020 à 14h35

Bernard Aybran

A chaque début d’année, stratégistes et analystes publient leurs prévisions pour l’année à venir. Et les analystes et les stratégistes sont des gens rationnels. Les moyennes historiques donnent une indication de ce qu’ils peuvent attendre : depuis le début du siècle, la performance moyenne des actions européennes s’est élevée à 1,5 % par an, une fois l’inflation déduite et les dividendes réinvestis, soit entre 3 % et 4 % avec l’inflation actuelle. C’est fort rationnel et raisonnable.

A ceci près qu’une moyenne ne définit que bien mal le comportement d’une variable statistique : la dispersion autour de cette moyenne peut changer significativement la perception que les investisseurs auront du marché. Et c’est probablement là que le bât blesse : sur les trente-deux dernières années, les actions européennes n’ont connu que dix années de performances comprises entre - 10 % et + 10 %. Sur les quarante-neuf dernières années, les actions mondiales n’ont compté que quinze années de performance à un chiffre. La norme est une variation importante des marchés actions, à la hausse comme à la baisse. Il n’y a là rien de nouveau, et les théoriciens expliquent, à la suite de Harry Markowitz, que ces fortes variations sont le corollaire d’un potentiel de performance élevée. Sur un continent européen où les épargnants n’aiment rien tant que la stabilité de leurs avoirs, ils préfèrent abandonner tout espoir de rémunération et parquer toujours plus sur les comptes courants bancaires, non rémunérés mais non volatiles. Est-ce bien raisonnable ?

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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