L’illiquide, est-ce bien solide ?

Publié le 29 novembre 2019 à 11h35    Mis à jour le 29 novembre 2019 à 13h00

Bernard Aybran

Le Fonds monétaire international (FMI), dans son dernier rapport sur la stabilité financière mondiale, mesure assez précisément la progression des actifs illiquides dans les portefeuilles institutionnels : pour les grands fonds de pension, ils sont par exemple passés de 5 % en 2007 à 20 % en 2018. Le FMI comprend tout à fait cette progression, qui permet aux assureurs et aux régimes de retraite de pallier des taux d’intérêt particulièrement faibles.

Un tel engouement pour l’illiquidité ne provient en effet certainement pas des valorisations de ces actifs : les PME européennes non cotées se négocient en moyenne à des prix 36 % supérieurs à ceux des sociétés cotées. Sur les marchés immobiliers, les taux faibles maintiennent également les prix à des niveaux élevés, ce qui signifie des rendements faibles et une incitation supplémentaire pour les investisseurs à se porter sur des «niches» plus risquées ou spécifiques, mais potentiellement plus rémunératrices en termes de rendement. Une caractéristique décisive à l’heure où tant d’institutions peinent à générer un résultat financier suffisant. D’une manière générale, les investissements non cotés, parce que leur valorisation n’est actualisée que rarement, apportent, au moins optiquement, une décorrélation par rapport aux actifs liquides. Mais cette décorrélation a un prix, et il est élevé pour l’investisseur.

Il pourrait l’être aussi pour l’ensemble du système financier. «Les appels de fonds des fonds non liquides pourraient limiter le rôle traditionnel des fonds de pension dans la stabilisation des marchés pendant les périodes de stress», s’inquiète ainsi le FMI dans son rapport. Un impact potentiellement majeur encore peu pris en compte.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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