L'analyse de Bernard Aybran,directeur de la multigestion, Invesco

Même pas peur

Publié le 20 avril 2018 à 10h00    Mis à jour le 24 avril 2018 à 17h35

Bernard Aybran

On l’appelle souvent «l’indice de la peur» parce qu’il est censé indiquer la nervosité des marchés. Aujourd’hui le Vix, c’est son nom officiel, semble plutôt faire peur à ceux qui l’utilisent comme un instrument d’investissement : aux Etats-Unis, l’un des régulateurs de marché mène actuellement une enquête sur d’éventuelles «manipulations» du Vix, via des transactions sur instruments dérivés.

C’est que, de simple indicateur de stress, il est devenu lui-même un outil d’investissement et un objectif à atteindre pour mener à bien telle ou telle stratégie. Or, comme le stipule la loi de Goodhart, lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une mesure. Et cette loi s’applique à de nombreuses statistiques dans un monde qui souhaite pouvoir tout mesurer, comparer, évaluer.

Par exemple ? L’inflation. Depuis que les principales Banques centrales l’ont érigée en objectif principal, voire unique, elle semble s’être évaporée. Un autre exemple ? Les taux d’intérêt. Si, depuis plus de deux ans, la Réserve fédérale ne cesse d’augmenter ceux qu’elle maîtrise, les taux de financement effectifs des entreprises restent quasiment inchangés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Charles Goodhart était lui-même un banquier central, chef économiste de la Banque d’Angleterre dans les années 1970. Il est risqué de se focaliser sur un seul et unique indicateur pour se faire une bonne idée d’une situation. En matière de statistiques comme en gestion de portefeuille, une loi simple doit prévaloir : la diversification.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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