Retour à la moyenne du nouveau paradigme

Publié le 11 décembre 2020 à 15h55

Bernard Aybran

«Cette fois, c’est différent.» Cette phrase, l’une des plus dangereuses qui soient, a, au cours de l’histoire, permis à des bulles de se former sous prétexte d’un nouveau paradigme qui rendrait inappropriée toute comparaison avec le passé. C’est la raison pour laquelle de nombreux raisonnements se fondent à l’inverse sur la notion de «retour à la moyenne» : lorsqu’une variable s’écarte trop de sa moyenne historique, on peut y voir des signaux d’achat ou de vente. 

On évalue ainsi la valorisation d’un marché à l’aune de ses valorisations passées. De même en économie : lorsque la dette de la zone euro a dépassé les 75 % en 2009, nombre de voix l’ont déclarée insoutenable, trop élevée par rapport à la moyenne de 70 % constatée durant la décennie. Ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre une moyenne de 89 % durant la décennie suivante. Et que dire de la limite qui avait toujours été respectée pour les taux d’intérêt – zéro –, limite non écrite mais qui semblait cependant aller de soi ? Les taux négatifs caractérisent pourtant aujourd’hui le quart des obligations mondiales et plus de la moitié de celles qui sont libellées en euros. De ce point de vue, cette fois, c’est bien différent.

Les valorisations actions sont aujourd’hui souvent très supérieures à leurs moyennes historiques. Faut-il y voir un danger, un signe avant-coureur de correction, ou bien un «nouveau paradigme» ? Il est possible que les banques centrales détiennent la réponse à cette question.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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