Sublimation de l’illiquide

Publié le 11 janvier 2019 à 10h44    Mis à jour le 11 janvier 2019 à 12h19

Bernard Aybran

Les souhaits des investisseurs ne correspondent pas toujours à ceux des législateurs. Il semble pourtant qu’un consensus soit désormais établi pour promouvoir une propriété autrefois vue comme un repoussoir : l’illiquidité. Le législateur la favorise avec le projet de loi Pacte, qui souhaite rendre éligibles aux nouveaux produits retraite des supports de private equity. Les institutionnels la plébiscitent également. Interrogés ces dernières semaines, une poignée d’entre eux, qui supervisent tout de même 7 000 milliards de dollars de placements, ont pour la plupart déclaré leur intention d’accroître leurs investissements en actions non cotées, en immobilier ou en «actifs réels». En résumé, ils souhaitent devenir plus présents sur tout ce qui est illiquide, au détriment des actions, qu’ils souhaitent majoritairement réduire. Universitaires et chercheurs mettent aussi en avant l’existence d’une «prime d’illiquidité» qui vient apporter un supplément de performance en contrepartie d’une moindre liquidité.

Cette convergence vers l’illiquidité tombe à pic pour le financement des économies, qu’il s’agisse d’entreprises moyennes, de start-up ou de grands projets d’infrastructures. A terme, c’est la performance de ces différents investissements qui fera office de juge de paix pour les investisseurs. Les marchés financiers étaient destinés à provoquer ce que les chimistes nomment liquéfaction. Malgré un nom poétique, la sublimation serait moins agréable, transformant le non-liquide en… fumée.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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