Un peu de magie

Publié le 18 septembre 2020 à 17h13

Bernard Aybran

En 2020, l’argent semble jaillir de multiples endroits. Comme par magie ? Cette année, les bilans des principales banques centrales ont gonflé de plus de 6 700 milliards de dollars, les marchés obligataires de 5 400 milliards de dollars, les comptes courants de la zone euro de 334 milliards d’euros et les fonds d’investissement mondiaux ont reçu 1 309 milliards de dollars de souscriptions nettes. Effectivement, beaucoup d’argent. Certes, il ne faut pas tout additionner : une bonne part du bilan des banques centrales et de la collecte des fonds a servi à acheter des obligations. De même, lorsqu’une obligation est émise, un montant équivalent à son nominal crédite le compte courant de l’émetteur. Il faut donc se garder des doubles comptages.

Reste que la collecte dans les fonds d’investissement et le gonflement des comptes bancaires ne résultent d’aucun double comptage. Il s’agit avant tout de la manifestation concrète de l’envol de l’épargne : rien qu’aux Etats-Unis, elle a plus que doublé, et ce sont plus de 1 100 milliards de dollars supplémentaires mis de côté qui ont dû trouver un endroit où se stocker. Par ailleurs, il semble que nombre d’entreprises aient utilisé les lignes de crédit que leurs banques leur avaient ouvertes afin de compenser des baisses de chiffre d’affaires, significatives mais ponctuelles. Ce n’est donc pas un hasard si près de 80 % de la collecte nette mondiale s’est portée sur des fonds monétaires : il s’agirait de compenser un phénomène de court terme. Si tant est que l’épidémie actuelle soit de court terme. Là-dessus, il n’y a pas de magie.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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