Une espèce menacée

Publié le 23 novembre 2018 à 11h55    Mis à jour le 23 novembre 2018 à 14h29

Bernard Aybran

La majorité des stratégistes avaient abordé 2018 comme «l’année des actions européennes». Et ils pouvaient étayer cette opinion de nombreuses façons. Par exemple en rappelant que les actions européennes étaient moins chères que les autres : aujourd’hui, elles traitent à 12,4 fois les bénéfices, contre 14,3 fois pour les actions mondiales, et elles distribuent un dividende de 3,8 % en moyenne, soit un point de plus que les actions mondiales. Si l’argument ne peut être nié, il semble ne pas avoir convaincu : sur les dix premiers mois de l’année, la décollecte des fonds actions Europe avoisine les 4 % des encours, alors même que les actions émergentes, généralement sanctionnées en cas de marchés difficiles, ont attiré des capitaux. Plus généralement, sur les dix dernières années, la classe d’actifs a enregistré une décollecte nette.

C’est qu’il semble ne pas exister de masse critique d’investisseurs structurellement positionnés sur les actions du Vieux Continent, qu’il s’agisse de fonds de pension ou d’entreprises cotées elles-mêmes qui, comme c’est le cas aux Etats-Unis, peuvent être les premiers investisseurs dans leurs propres titres, via les rachats d’actions. Là où la capitalisation boursière des actions américaines a progressé de près d’un quart sur les trois dernières années, celle de l’Europe a reculé de 6 %. Un investissement qui tomberait en désuétude pour investisseurs volatils ? Les actions du continent méritent sans doute mieux.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

Chargement en cours...