La BCE et son objectif d’inflation

Publié le 22 mars 2019 à 16h15

Claude Guerin

L’article 127 du traité européen stipule que l’objectif principal de la BCE est de maintenir la stabilité des prix. A chaque conférence de presse, son président Mario Draghi martèle que son objectif est «la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers un niveau inférieur à, mais proche de 2 % à moyen terme». Or les prévisions d’inflation de la BCE ne sont que de 1,6 % pour l’année 2021, ce qui est assez loin de la cible pour un horizon à plus de deux ans. Est-ce un aveu d’impuissance de la BCE sur sa capacité à faire remonter l’inflation vers 2 % ?

Par le passé, les prévisions de la BCE les plus lointaines sur l’inflation étaient qualifiées de volontaristes par certains acteurs de marché. Or sa prévision pour 2021 est cette fois-ci inférieure à celle de l’étude des «professionnels», ce qui n’était pas arrivé depuis au moins cinq ans. La BCE change sa stratégie. Elle ne met plus l’accent sur la nécessité d’ancrer les anticipations révélées par le taux d’inflation du cinq ans dans cinq ans, c’est-à-dire la moyenne de l’inflation anticipée de la cinquième à la dixième année en partant d’aujourd’hui. Elle préfère afficher un niveau plus bas, qui facilitera la survenue de «bonnes» surprises par rapport à ce seuil. Les intervenants devraient ainsi se focaliser sur l’augmentation par rapport à ce seuil, et moins sur une inflation toujours faible en absolu.

A court terme, la prévision de la BCE à 1,6 % a freiné la reprise des obligations indexées sur l’inflation mais sans l’annuler. En outre, si les prix du pétrole continuent à monter, même faiblement, des surprises positives sur l’inflation devraient renforcer leur progression.

Claude Guerin

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