Le dollar US à l'origine d'un renouveau des marchés actions

Publié le 26 novembre 2013 à 12h10    Mis à jour le 1 juin 2017 à 16h18

Dominic Rossi

Le centre de gravité des marchés actions semble revenir à l'ouest. Le raffermissement de la devise de réserve, soutenu par une amélioration de la croissance économique et de la balance courante américaine devrait profiter aux actifs financiers et favoriser les pays développés par rapport aux marchés émergents.

Lorsque l'on se penche sur les perspectives des marchés actions, il est intéressant de prendre en considération le parcours du dollar américain, qui constitue un baromètre de la santé financière mondiale. Lorsque le dollar est stable ou s'apprécie, il agit comme une réserve de valeur, protégeant l'épargne et encourageant les investissements. En revanche, lorsque le dollar se déprécie, il ronge l'épargne, mine les investissements et crée un environnement d'instabilité financière.

La deuxième moitié des années 1990 a été marquée par la solidité du dollar. Durant cette période, les actions ont surclassé presque toutes les autres classes d'actifs et les pays développés ont surperformé les marchés émergents. Sous l'administration Bush, les Etats-Unis ont pris part à des interventions militaires coûteuses, qui ont nettement augmenté les dépenses fédérales. Le dollar s'est affaibli et les prix des matières premières ont flambé, ce qui a freiné l'activité économique, en particulier dans les pays développés.

Aujourd'hui, les conditions nous rappellent davantage les années 1990.

La principale tendance qui s'est dégagée ces derniers mois pour le dollar confirme ces améliorations et les perspectives plus prometteuses de l'économie américaine.

Nous observons à la fois une reprise de la croissance économique et une amélioration de la balance courante. En effet, l'exploitation du schiste a entraîné une baisse importante des importations énergétiques américaines. La hausse de la production s'est traduite par de fortes baisses du prix du gaz américain. Avec la perspective des exportations de gaz, l'amélioration de la balance commerciale devrait se poursuivre et ce sans même tenir compte des retombées d'une énergie locale moins onéreuse sur l'industrie américaine.

Par conséquent, les améliorations structurelles des déficits jumeaux sont signe de perspectives positives pour le dollar américain. En réalité, seul un instrument de politique monétaire freine le dollar : l'assouplissement quantitatif.

Toutefois, même si l'assouplissement quantitatif est rapidement devenu un outil conventionnel, il ne durera pas éternellement. Ce retour à un durcissement de la politique monétaire et à des taux d'intérêt réels positifs aux Etats-Unis, alors que les autres principales banques centrales privilégient toujours les politiques d'assouplissement, devrait être positif pour le billet vert, qui devrait se stabiliser ou tout simplement s'apprécier.

Compte tenu de l'appréciation du dollar ces derniers mois, l'affaiblissement des matières premières n'a pas été surprenant. La faiblesse de l'or, parallèlement à d'autres matières premières, marque la fin du super-cycle haussier des matières premières et le retour du dollar à son statut de «réserve de valeur» parmi les investisseurs.

Si l'on se penche sur les marchés actions, la solidité du dollar a également montré une corrélation raisonnable avec la valorisation attribuée aux actions mondiales. Selon moi, les évolutions de la politique budgétaire expliquent en partie les variations des valorisations des actions ; lorsque les déficits se creusent et que les gouvernements ont davantage recours à l'épargne intérieure, il y a inévitablement moins de capital pour investir dans les actions et les soutenir.

Pour finir, cette situation pourrait également avoir des conséquences sur la performance des pays développés par rapport aux marchés émergents. À la fin des années 1990, les marchés émergents ont sous-performé les pays développés. Ils n'ont réellement commencé à surperformer que lorsque le dollar s'est déprécié à partir de 2002. Toutefois, si le dollar devait continuer à s'apprécier, je ne pense pas que les marchés émergents en souffriraient autant qu'à la fin des années 1990. Désormais, l'infrastructure financière des marchés émergents est bien plus efficace en termes de financement et les obligations libellées en devise locale éclipsent la dette émergente en dollar.

Dominic Rossi

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