Gérer la volatilité des stratégies «managed volatility»

Publié le 3 juillet 2015 à 16h30

Frédéric Dodard

Les actions défensives payant des dividendes sur lesquelles ont compté les investisseurs pour construire un portefeuille plus défensif sont devenues nettement plus chères. Pourtant, il peut exister un moyen de se protéger des pertes potentielles.

Ces dernières années, les actions défensives payeuses de dividendes et à faible bêta ont permis aux investisseurs de jouir de la sécurité relative et des rendements avantageux des valeurs à faible volatilité.

Toutefois, il existe désormais de fortes ressemblances entre la composition de ces stratégies «managed volatility» et les actions défensives à rendement élevé, dont les cours sont très hauts. C’est une véritable énigme : les mêmes actions qui ont tiré le marché vers le haut peuvent-elles vraiment être utilisées pour se prémunir des chocs de marché ? Dans un contexte de regain d’attention pour les risques liés aux marchés d’actions, l’approche «managed volatility» serait-elle à bout de souffle et aurait-elle apporté son propre type de volatilité dans les portefeuilles ?

Lorsque la conjoncture économique s’améliore

Les actions habituellement utilisées dans le cadre de stratégies «managed volatility» ne sont pas celles qui bénéficient le plus de l’accélération du cycle économique. En effet, lorsque les économies s’accélèrent, l’aversion au risque des investisseurs a tendance à diminuer et les actions à fort bêta ont tendance à surperformer les actions à faible bêta. L’orientation des différentes politiques monétaires pourrait également présenter un réel défi : depuis le début des années 2000, dès que les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans ont augmenté d’au moins 100 points de base, les actions à fort bêta ont surperformé celles à faible bêta, avec un écart moyen d’environ 16,4 % par an1. Certains pans des portefeuilles d’actions pourraient donc avoir des degrés de sensibilité aux taux d’intérêt plus marqués augmentant la corrélation avec leurs portefeuilles obligataires et réduisant le potentiel de diversification.

Une meilleure solution ?

Entre les différentiels de croissance dans le monde, l’épuisement des munitions des banques centrales et les questions grecques et russes, il paraît difficile de faire l’impasse sur une stratégie de gestion du risque actions. Mais nous pensons qu’il existe des moyens de rendre cette stratégie plus robuste. Les investisseurs ne doivent pas oublier la fonction primaire des stratégies «managed volatility» et des actions défensives en général au sein d’un portefeuille. Si l’alternative consiste à rester exposé aux actions sans se protéger, il vaut mieux accepter un certain niveau de sous-performance à court terme, en gardant à l’esprit que, à long terme, les performances des stratégies à faible volatilité restent extrêmement fortes. Les investisseurs pourraient gagner à adopter une approche «managed volatility» plus active. Alors que la plupart des stratégies à faible volatilité construisent des portefeuilles à faible bêta, certaines choisissent de sélectionner plus librement les titres, afin d’obtenir un compromis optimal entre la minimisation de la volatilité et la production d’une surperformance.

Les stratégies axées uniquement sur la volatilité ont eu tendance à surpondérer les actions des services aux collectivités. Une approche multidimensionnelle, qui s’exposerait par exemple davantage à des actions dont les bénéfices escomptés présentent une bonne qualité et de la régularité tout en restant raisonnablement valorisées, dans des secteurs comme la consommation discrétionnaire et les technologies de l’information, devrait offrir un meilleur équilibre entre un bêta plus faible et un alpha plus élevé.

Obnubilés par la recherche de rendements, les investisseurs s’exposent aux retournements du marché. S’ils ne se focalisent que sur la protection à la baisse, ils s’exposent à n’obtenir que des rendements médiocres et des expositions potentiellement inadaptées. Une stratégie de volatilité maîtrisée aux orientations plus multidimensionnelles serait donc le moyen de satisfaire des objectifs a priori contradictoires : le rendement et la protection.

Frédéric Dodard

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