Protectionnisme : l’Europe en première ligne

Publié le 27 janvier 2017 à 17h13

Jean-Michel Six

L’euphorie boursière actuelle ne doit pas faire illusion : l’économie mondiale est entrée dans une nouvelle phase dans laquelle la principale source de sa croissance des 30 dernières années – les échanges commerciaux – risque d’être sérieusement polluée. Le protectionnisme est en passe de devenir une composante essentielle de la politique économique de la nouvelle administration américaine et l’on aurait tort de croire que seules la Chine et l’Asie sont concernées. En fait, c’est bien l’Europe qui risque d’être en première ligne. Elle est au centre du commerce mondial avec plus de 44 accords commerciaux concernant plus de 60 pays dans le monde. Elle est le premier exportateur mondial devant la Chine avec 14,7 % de part de marché. Entre 2005 et 2015 ses exportations de biens ont crû de 57 %, tandis que celles de services augmentaient de 97 %. La montée du protectionnisme américain menace en premier lieu l’Allemagne – les Etats-Unis sont devenus l’an dernier la première destination pour les exportations allemandes, devant la France. Mais par le biais du commerce intracommunautaire tout le monde est concerné. En outre un ralentissement des exportations vers les Etats-Unis des pays émergents affaiblirait leur croissance et donc à terme leur demande de produits venant d’Europe.

Face à cette menace, certains objectent que l’économie américaine étant aujourd’hui déjà proche de sa croissance potentielle, une relance fiscale, comme le promet le nouveau président, bénéficiera d’abord au reste du monde, aidé en cela par la force du dollar. Mais c’est là que se niche une seconde menace : le fait que le dollar fort favorise les importateurs ne passe pas inaperçu à Washington. On en est encore aux simples déclarations visant à faire baisser le billet vert. Mais faute d’obtenir des effets tangibles, le risque de voir éclater une nouvelle guerre des monnaies ne doit pas être sous-estimé.

Jean-Michel Six

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