L'analyse de Julien-Pierre Nouen
Une crise à retardement, comme toutes les autres
Beaucoup s’inquiètent du fait que, dans cette crise tout à fait exceptionnelle, le chômage partiel et la suspension des faillites aient retardé la matérialisation des conséquences économiques négatives. L’augmentation du chômage et la multiplication des faillites à venir pourraient peser sur l’activité et ralentir le mouvement de reprise économique.
L’histoire montre pourtant que, lors des précédentes récessions, taux de chômage et faillites ont toujours eu tendance à atteindre leur point haut plusieurs mois après le début de la reprise économique, sans que cette hausse n’enraye le mouvement d’amélioration de la conjoncture. Aux Etats-Unis, après la récession de 2008-2009, alors que le redémarrage économique s’est enclenché en juin 2009, il a fallu attendre octobre pour que le taux de chômage atteigne son point haut et le printemps 2010 pour qu’il commence à baisser. Quant aux faillites, le nombre maximal de dépôts de bilan a été atteint fin 2010. Dans la zone euro, le taux de chômage a progressé jusqu’au printemps 2010 et il n’a presque pas baissé avant que la crise de la zone euro ne le fasse repartir à la hausse.
La récession Covid-19 accélère des tendances, comme la digitalisation, qui, en transformant la structure de nos économies, peuvent causer du chômage. Mais il n’y a pas de raison a priori de penser que les effets à retardement de la crise entraîneront une rechute de l’économie.
Julien-Pierre Nouen est directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Freres Gestion
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