L’ESG est le meilleur atout de la gestion active face à la gestion passive

Publié le 12 février 2020 à 15h33

Matt Christensen

Les gérants actifs ont perdu la bataille des coûts face à la gestion dite passive, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont perdu la guerre.

Il suffit de regarder l’explosion des encours de la gestion passive au cours de la dernière décennie pour constater que le vent a tourné en faveur de ce type de gestion, la pression sur les commissions en étant l’un des principaux facteurs.

Avant 2007, le montant investi dans les actions américaines gérées de façon active s’élevait à 3 000 milliards de dollars, contre moins de 1 000 milliards de dollars dans les fonds indiciels. Fin avril 20191, les actifs faisant l’objet d’une gestion active ont atteint 4,3 milliards de dollars, soit le même montant que les investissements dans les mêmes titres gérés de façon passive. Aujourd’hui, la moitié des investisseurs préfère investir dans des fonds indiciels plutôt que de les surperformer.

Comment les géants actifs peuvent-ils faire face à cette tendance défavorable ?

Leur salut pourrait provenir d’un nouvel atout. Outre son rôle central dans la réalisation des objectifs en matière de changement climatique, l’investissement ESG sous ses diverses formes pourrait s’avérer décisif. 

Si, en tant qu’investisseur, vous ne vous focalisez pas uniquement sur le prix que vous payez pour vos investissements, alors la gestion active a la capacité de susciter de véritables changements dans les entreprises.

Les gérants actifs sont en effet bien placés pour entretenir un dialogue continu avec les entreprises, et influencer leur stratégie. C’est un partenariat qui va au-delà des filtres ESG : si une entreprise ne progresse pas sur des critères ESG définis, les gestionnaires peuvent en dernier recours réduire leurs positions ou désinvestir totalement. 

C’est un élément clé : les gérants passifs ne peuvent le faire, puisqu’ils suivent un ensemble de règles fondées sur des critères. Tout changement s’effectue lentement et au fil des revues annuelles, contrairement aux gérants actifs qui peuvent modifier leur allocation rapidement. L’une des critiques principales adressées aux stratégies ESG depuis toujours est celle de la mesure de leur impact. La plupart des gestionnaires d’actifs peuvent en référer à leur cadre et standards ESG, mais ces derniers sont parfois trop complexes. Il faut donc adopter une approche stratégique, identifier les tendances en matière de durabilité et obtenir à la fois un rendement et un impact mesurable et pérenne.

Les gérants actifs doivent également adopter une communication efficace, un reporting renforcé et utiliser tout autre moyen permettant de démontrer l’impact de leurs investissements.

On peut envisager un cadre commun démontrant les bénéfices réels, au-delà des rendements, tels que la quantité de carbone compensée ou les différentes améliorations apportées à la culture d’entreprise. Il y a bien sûr des obstacles à ce changement. Le premier est l’accès aux données, ainsi que la capacité des individus (gérants, équipes de vente) à intégrer complètement les critères ESG. 

Ne nous trompons pas : il s’agit d’une redéfinition de ce que signifie être un gestionnaire actif et, si nous parvenons à proposer un reporting clair, cohérent et comparable, cela sera sans aucun doute un changement radical.

Nous avons peu de temps. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont d’ordre générationnel, mais nous devons effectuer ces changements à un horizon de trois à cinq ans.

Si nous échouons, les conséquences seront bien plus importantes qu’un simple déclin du secteur de la gestion active, dont peu de personnes se soucieraient. La bonne nouvelle, c’est que les investisseurs le demandent. A nous maintenant de le faire ! 

 

1. Source : Morningstar data, d’après l’article suivant dans Institutional Investor :

www.institutionalinvestor.com/article/b1fg0jnvbpc536/History-Made-U-S-Passive-AUM-Matches-Active-For-First-Time

Mots clés ESG Axa IM
Matt Christensen

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