Gestion multi-actifs : combiner gestion de conviction et analyse quantitative

Publié le 26 novembre 2018 à 11h46

Serge Pizem, AXA IM

Les investisseurs doivent traiter un volume d’informations plus important que jamais auparavant. Associer gestion de conviction et analyses quantitatives apparaît comme une solution pertinente.

Comment anticiper l’explosion de la volatilité dont le risque est parfois sous-estimé ? L’utilisation de signaux est clé, mais les indicateurs traditionnels du marché et les indicateurs macroéconomiques ne sont pas suffisamment objectifs aujourd’hui pour identifier les véritables risques existants sur le marché.

Les sociétés de gestion sont donc à la recherche de nouveaux indicateurs. Chez AXA IM, nous disposons de 150 indicateurs intégrés à notre processus d’investissement, que nous cherchons continuellement à améliorer. Ils constituent une source d’information privilégiée dans le cadre de l’analyse des données macroéconomiques et du marché, et nous aident à prendre des décisions et à gérer la complexité des marchés financiers. Ces données et ces analyses quantitatives viennent appuyer les convictions des gérants. Elaborés par l’équipe de gestion de portefeuilles multi-actifs, ces indicateurs d’investissement permettent de procéder à une analyse du risque et à un suivi de la performance. Chacun des indicateurs correspond à un facteur précis qui influence le prix des actifs ; en les surveillant, nous cherchons à anticiper l’évolution du marché. Avec des contrôles ex post rigoureux et objectifs, nous concevons des modèles permettant d’anticiper les fluctuations du marché. Reste qu’avant d’être ajouté à notre base de données, chaque indicateur fait l’objet d’un examen rétrospectif sur dix ans et doit s’accompagner de statistiques positives.

Prenons l’exemple de notre indice de turbulences interne qui suit l’évolution de paramètres basés sur la volatilité et la corrélation. Toute hausse de cet indice peut indiquer un regain d’aversion au risque susceptible d’inciter notre équipe à réduire son exposition aux actions. Il reflète l’évolution de la nervosité des marchés financiers et nous permet de voir si la situation se complique. Si l’indice de turbulences monte sans explication évidente, nous diminuerons alors la proportion d’actifs risqués au sein du portefeuille pour éviter des pertes conséquentes. Mais les tensions peuvent également s’accumuler pendant des mois jusqu’à atteindre un niveau critique. Il faut alors faire preuve de prudence et le confronter à d’autres indicateurs.

Des outils d’intelligence artificielle

Des outils d’intelligence artificielle et de techniques d’apprentissage automatique sont utilisés pour combiner ces indicateurs afin d’en créer de nouveaux. En exploitant ces données, nous sommes alors en mesure d’identifier des relations et corrélations que l’œil humain ne peut pas détecter seul. C’est l’assemblage des résultats qui nous permet de mieux appréhender le marché. Mais c’est au gérant que revient la tâche de décider d’agir ou non au vu de l’information dont il dispose, ces indicateurs et ces données ne tenant compte d’aucune émotion et facilitant simplement la prise de recul et l’analyse de ce qu’il se passe sur le marché.

Les gérants peuvent s’appuyer sur les ingénieurs de portefeuille du Quant Lab d’AXA IM, qui disposent de leur propre logiciel interne d’analyse du risque adaptable à leurs besoins spécifiques. Il permet, notamment, de suivre les corrélations passées entre les différentes classes d’actifs et d’effectuer un contrôle rétrospectif des portefeuilles en tenant compte des crises et des environnements de marché antérieurs.

Ils peuvent, par exemple, interroger les ingénieurs de portefeuille sur l’impact qu’aurait eu la crise de 2008 sur les portefeuilles si elle se produisait aujourd’hui. Grâce à ce type de données et de scénarios, les gérants peuvent ajuster leurs positions.

Ils ont également travaillé conjointement avec les ingénieurs de portefeuille pour mesurer les risques du portefeuille global et observer leur répartition entre les stratégies actions long only, long/short, de change et obligataire. Ils s’assurent que les risques sont suffisamment diversifiés et décorrélés. Si le portefeuille comporte 12 stratégies, il n’est en effet pas concevable qu’une seule d’entre elles concentre 90 % des risques.

Enfin, il est essentiel de ne pas se fier plus que de raison à un indicateur, car il pourrait perdre toute utilité d’ici quelques années, ce qui nécessiterait d’en trouver de nouveaux. La remise en question de ces modèles est essentielle et nécessite de constamment trouver les moyens de comprendre et d’anticiper ce qui se passe sur le marché. C’est un formidable défi, auquel il convient de répondre en faisant évoluer nos processus de gestion pour chercher continuellement à offrir des performances multi-actifs optimales à nos investisseurs.

Serge Pizem, AXA IM

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