2014 : le réveil des esprits animaux

Publié le 28 février 2014 à 13h06    Mis à jour le 19 mai 2014 à 15h17

Suneil Mahindru

En hibernation depuis la crise financière de 2008, les «esprits animaux», terme employé par Keynes pour désigner la confiance et la volonté d’investir qui sont indispensables à la croissance économique, pourraient bien se réveiller à mesure que le cycle d’actions entre dans sa phase de croissance et inciter les entreprises à recommencer à investir pour se développer.

Les «esprits animaux» – terme keynésien pour décrire la confiance et la volonté d’investir indispensables à la croissance – hibernent depuis la crise financière de 2008. Les actions mondiales ont plus que doublé depuis le creux de mars 2009, escomptant une reprise économique, mais la croissance sous-jacente s’est heurtée à plusieurs défis, ce qui a nui à la confiance des ménages, conduit les entreprises à thésauriser ou à verser des dividendes au lieu d’investir, et poussé les investisseurs vers le rendement et la sécurité : crise de la dette souveraine en Europe, paralysie du gouvernement aux États-Unis, ralentissement de la croissance en Chine. Or, le cycle des actions entre désormais dans sa phase de croissance, et les esprits animaux pourraient bien se réveiller et inciter les entreprises à réinvestir pour leur futur. Sur les marchés actions, cette thématique intéresse déjà les investisseurs.

Un récent sondage montre que plus de 50 % d’entre eux souhaitent désormais voir les entreprises utiliser leurs flux de trésorerie pour augmenter leurs dépenses d’investissement (Capex) – un record depuis 2005 –, alors que la proportion de ceux qui privilégient le retour aux actionnaires vient de passer sous la barre des 30 % pour la première fois depuis 2010. Nous tablons donc sur une augmentation des Capex, des dépenses en recherche et développement (R&D), des fusions-acquisitions et des embauches aux dépens des hausses de dividendes, des rachats d’actions et du renforcement des bilans. L’idée selon laquelle il existe un cercle vertueux qui veut que le Capex d’une entreprise corresponde aux revenus ou aux emplois d’une autre semble par ailleurs progresser auprès des investisseurs et des entreprises.

L’incertitude a gelé la prise de décision des entreprises pendant cinq ans mais, à mesure que les obstacles se lèvent (la Fed a confirmé vouloir réduire son programme de rachats d’actifs, les Etats-Unis sont parvenus à un accord budgétaire et les banques européennes seront soumises à une évaluation de la qualité de leurs actifs), les esprits animaux devraient réinsuffler aux PDG la confiance et la volonté de dépenser à nouveau. Les actions pourraient s’apprécier pendant cette phase de croissance, tirées par la hausse des bénéfices réels, et leur sélection contribuera davantage à générer des rendements car les entreprises se différencient par la croissance de leurs bénéfices et par leur valorisation. Les marchés développés devraient tirer le plus grand profit de cette phase du cycle des actions. La croissance des bénéfices est en effet plus fortement corrélée au taux de croissance du PIB qu’à son niveau absolu, et les économies avancées, dont la croissance économique devrait augmenter de 1 % en 2013 à 2 % en 2014, pourraient voir leurs bénéfices croître de manière surdimensionnée par rapport aux marchés à forte croissance, où nous estimons que la croissance du PIB progressera de 5,2 % à 5,5 %.

Cet environnement tiré par la croissance devrait profiter aux secteurs et entreprises innovants. Les technologies de l’information, la biotechnologie, l’industrie pharmaceutique et des dispositifs médicaux dont la compétitivité dépend de l’innovation et de la croissance devraient bénéficier de la hausse des dépenses de R&D et des activités de fusions-acquisitions. Les entreprises du secteur des technologies de l’information et quelques sociétés industrielles pourraient être les grands bénéficiaires de cette hausse des dépenses. Dans le secteur des services financiers, nous privilégions les entreprises qui participeront à l’amélioration de l’environnement des marchés. A mesure que la croissance économique s’améliore et que plusieurs facteurs négatifs s’estompent, les esprits animaux se réveillent. Dans la phase de croissance du cycle des actions, davantage d’entreprises seront récompensées pour leurs investissements, et l’augmentation des profits fera de plus en plus la différence dans la performance des actions.

Suneil Mahindru

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