Apprendre à parler à l’oreille des marchés

Publié le 3 mai 2019 à 17h42

Hervé Goulletquer

Le 19 décembre dernier, les marchés de capitaux avaient réagi négativement suite à la conférence de presse du Président de la Fed. Le choix de Jerome Powell de parler de «pilote automatique» pour caractériser la conduite de la réduction du bilan de la banque centrale avait ému les investisseurs et les opérateurs : malgré un environnement compliqué, avec le risque d’une dégradation de la croissance économique mondiale, le banquier central semblait considérer que tout était sous contrôle ! Il avait fallu une «explication de texte» par certains «grands barons» de la Fed et, in fine, une communication plus constructive, pour rassurer les marchés.

Une mésaventure de même nature, même si elle est d’ampleur moindre, s’est produite au sortir du comité de politique monétaire du 1er mai. Jerome Powell a traduit de façon très (trop ?) carrée l’expression sciemment ciselée qu’on retrouve dans le communiqué officiel. Là où le texte parle de «la patience nécessaire à la détermination des ajustements éventuels du taux directeur à opérer», la traduction, au travers de la communication de Jerome Powell devant la presse, pointe une Fed qui «ne voit pas de raisons majeures pour bouger le taux directeur dans un sens ou dans l’autre». Le marché s’est immédiatement interrogé sur les anticipations de baisse de taux aux Etats-Unis qui prévalent depuis plusieurs semaines : doivent-elles être remises en cause ?

Peut-être est-ce ce que veut la Fed mais elle doit alors trouver une façon de guider le marché sans créer de chocs inutiles. Si la politique monétaire est un art, encore faut-il que le fond (le diagnostic économique) s’accorde avec la forme (la gestion des anticipations de marché).

Hervé Goulletquer

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