L'analyse d'Hervé Goulletquer

Dette publique : y a-t-il une formule magique ?

Publié le 29 mai 2020 à 14h23

Hervé Goulletquer

La double crise, sanitaire et économique, sollicite fortement les budgets publics. Tant aux Etats-Unis qu’en zone euro, le déficit budgétaire et la dette publique augmenteront, entre 2019 et 2020, de respectivement 10 et 20 points de PIB. Après le soutien durant la phase de confinement, les gouvernements vont en effet devoir accompagner le retour à la normale et créer les conditions d’une croissance économique pérenne, en «soldant le passé» et en «préparant l’avenir». Il est ainsi facile d’imaginer une reprise par l’Etat de la dette privée accumulée pendant la crise et des programmes d’investissement public dans le but d’accélérer la transition environnementale et numérique. Il faudra donc apprendre à vivre pour un temps avec un endettement public toujours élevé. A-t-on trouvé, avec le transfert d’une partie de celui-ci vers les bilans des banques centrales, la «formule magique» qui aplanit les difficultés ? Ce serait faire un peu vite l’impasse sur les difficultés qui peuvent accompagner ce processus de gonflement : inflation, remise en cause de la stabilité financière et conflit entre l’agence d’émission de la dette et la banque centrale.

Les investisseurs n’ont sans doute pas fini de s’interroger sur les voies et moyens d’assurer la soutenabilité des dettes publiques. Ils rêveront de plus de croissance et de plus d’inflation (mais avec modération !). A défaut, leur préférence devrait aller en faveur de la recherche d’autres «poches profondes» où loger durablement des «tombereaux» de titres d’Etat. Ils savent que la répression financière, c’est-à-dire un niveau de taux d’intérêt inférieur à ce qui serait suggéré par la dynamique économique, durera. Ils redoutent les politiques d’austérité et encore plus les défauts.

Hervé Goulletquer

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