La Fed abdique-t-elle devant Donald Trump ?

Publié le 30 novembre 2018 à 11h32    Mis à jour le 5 décembre 2018 à 17h37

Hervé Goulletquer

Dans un environnement caractérisé par un manque de lisibilité du côté de l’économie et de la politique et par une nervosité sur les marchés, Jerome Powell et Richard Clarida, respectivement numéro 1 et numéro 2 du Board de la Réserve fédérale américaine, ont envoyé des messages suggérant un ralentissement du rythme de remontée du taux directeur.

Les propos vont sans doute résonner favorablement aux oreilles du président Trump. On sait que, depuis la fin juillet, il s’est plaint par onze fois d’une banque centrale qui, à ses yeux, remonte excessivement les taux d’intérêt . Selon le président américain, l’«obstination» de la banque centrale à relever son taux directeur mettrait en risque la bonne marche de l’économie et l’orientation favorable de la Bourse.

Les dirigeants de la Fed pourraient-ils donc être soupçonnés d’avoir abandonné une partie de l’indépendance de la banque centrale sous les coups de butoir du président Trump ? Rappelons les étapes qui ont conduit progressivement à cette indépendance : tout d’abord, la fixation d’objectifs par le Congrès (la stabilité des prix et le plein-emploi), puis l’octroi d’une indépendance en termes de moyens pour atteindre ces objectifs, et, enfin, l’obligation de rendre des comptes devant le Congrès. Comment ne pas comprendre que, au-delà des rodomontades de Donald Trump, c’est du Congrès que pourrait venir une véritable remise en cause de l’indépendance de la Fed ? Elle prendrait la forme d’un élargissement de ses capacités d’audit pour intégrer les décisions et les opérations de politique monétaire. Ce dont personne ne parle aujourd’hui. Tant mieux !

Hervé Goulletquer

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