Les limites de l’alchimie monétaire

Publié le 12 juillet 2019 à 17h58

Hervé Goulletquer

Le marché reste très sensible aux anticipations de politique monétaire. Au point qu’on en arrive au paradoxe qu’une mauvaise nouvelle sur le front de l’activité économique renforce les anticipations de détente monétaire et in fine pousse à la hausse le cours des actifs risqués. Le mois de juin a été, en la matière, assez illustratif, avec l’ordonnancement suivant : grande incertitude sur l’environnement des marchés, des messages «constructifs» de la part de la Fed aux Etats-Unis et de la BCE en zone euro et, dans le sillage, une hausse de 7 % des indices S&P 500 et Euro Stoxx 50.

La question posée est celle de la capacité des banques centrales à compenser les conséquences négatives, en matière d’anticipations de marché, de la dégradation du double contexte politique et économique. Y répondre n’est en rien facile, tant les problématiques politiques sont complexes et les pistes de sortie, difficiles à dessiner.

Pour une banque centrale, une approche de type «gestion du risque» est certes sans doute la bonne réponse à un choc d’incertitude. Agir vite et fort apparaît être le comportement adapté. Mais est-ce possible, au titre d’une politique monétaire déjà très sollicitée et dont les marges de manœuvre restantes doivent être utilisées à bon escient ? Il peut paraître au contraire raisonnable d’en garder, pour être à même de faire face à un prochain retournement cyclique qui finira par arriver, même si ce n’est pas pour tout de suite.

Attention donc à ne pas trop attendre des banques centrales et de leur capacité à faire que des mauvaises nouvelles soient perçues comme bonnes.

Hervé Goulletquer

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