Le prêt aux TPE et PME, une classe d’actifs émergente…

Publié le 28 février 2018 à 15h29

Olivier Goy

En l’espace de trois ans, le prêt aux TPE et PME, jusque-là l’apanage des seules banques, est devenu une nouvelle classe d’actifs pour les épargnants français. Retour sur trois années actives.

Quand les plateformes de prêt aux entreprises sont nées en France, grâce à la réglementation d’octobre 2014 ouvrant une brèche dans le monopole bancaire, ce nouvel outil s’adressait naturellement aux particuliers.

C’est le fameux mouvement du crowdfunding, le «financement par la foule». Les particuliers pouvaient enfin devenir les banquiers des entreprises. Une manière d’employer son épargne et d’aller chercher un supplément de rendement en quelques clics.

Très vite, en fait dès le printemps 2015, les premiers institutionnels ont commencé à s’intéresser également à la classe d’actifs naissante. Au point que la terminologie a progressivement glissé de «crowdlending (littéralement le «prêt par la foule») à «plateforme de prêt» pour mieux traduire la réalité d’un financement pas seulement assuré par la foule mais également par les institutions. Aujourd’hui, force est de constater que c’est précisément cette dualité d’investisseurs qui permet aux plateformes de trouver les ressources indispensables au financement des PME. Si, bien entendu, l’espoir de rendement offert par les plateformes, dans un univers globalement en manque de performance, est une raison de l’intérêt des investisseurs, cela ne peut tout expliquer.

Dans une enquête menée auprès de nos 10 700 investisseurs actifs arrivent également en tête des motivations la volonté d’avoir un impact direct grâce à leur épargne sur l’emploi et le souhait de diversifier leur portefeuille sur une nouvelle classe d’actifs.

Les assureurs ont fait figure de pionniers sur cette nouvelle classe d’actifs. Dès 2015/2016, des acteurs comme CNP Assurances, Matmut, AG2R La Mondiale, Aviva ou Groupama ont commencé à prendre les premiers engagements sur des plateformes de prêt. Très vite, ils ont été rejoints par des gérants d’actifs, les family offices, et même les investisseurs publics. Lendix a par exemple eu la chance de compter très tôt parmi ses bailleurs de fonds la Banque européenne d’investissement, le Fonds européen d’investissement et Bpifrance. La montée en puissance des différents acteurs permet de faire monter de plus en plus d’investisseurs à bord et, comme souvent, la taille du marché dicte aussi la typologie des bailleurs de fonds possibles.

Nous tournons beaucoup la tête vers l’Angleterre ou les Etats-Unis, où des volumes importants de financement sur les plateformes de prêts locales permettent le développement de structures de financement plus sophistiquées. Historiquement, les acteurs nationaux et supranationaux ont investi très tôt dans le financement des PME via les plateformes de prêts – la British Business Bank a par exemple investi très rapidement plus de 100 millions de livres sterling sur plusieurs plateformes anglaises.

La crédibilité des plateformes s’est ensuite renforcée grâce à la bonne santé des portefeuilles, permettant aux plateformes de chercher des sources de liquidité de moins en moins chères. Ainsi, Funding Circle a lancé dès 2015 un fonds coté au London Stock Exchange et levé plus de 300 millions de livres sterling. Enfin, la titrisation des portefeuilles s’est développée, permettant de revendre auprès d’institutionnels des tranches plus ou moins risquées de portefeuilles de prêts octroyés par les plateformes. Cette diversité des sources de liquidités permet d’en abaisser le coût, d’offrir des crédits moins chers et de servir plus d’entreprises.

Gageons que cette nouvelle classe d’actifs est là pour durer !

Olivier Goy

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