Ces (très) chers dépôts

Publié le 3 mai 2019 à 17h37

Arnaud-Guilhem Lamy

La BCE a indiqué qu’elle allait analyser l’implication des taux négatifs sur l’économie et l’impact de ses dommages collatéraux. La solution d’un taux double pour les réserves excédentaires (c’est-à-dire au-delà des réserves obligatoires) des banques auprès de la BCE semble envisagée : une partie des réserves excédentaires serait «rémunérée» à un taux qui pourrait être compris entre 0 % et -0,20 %, le reste demeurant à -0,40 %  comme c’est le cas aujourd’hui pour la totalité.

Quelle serait l’utilité d’une telle mesure ? Ce qui vient à l’esprit est évidemment la réduction du «coût» des taux négatifs pour les banques (estimé aux alentours de 7 milliards d’euros par an). Après l’extension par la BCE de son programme de refinancement à très long terme (TLTRO), principalement utilisé par les banques italiennes, espagnoles et françaises, revenir partiellement sur le taux de dépôt négatif permettrait d’améliorer marginalement la rentabilité des banques allemandes, néerlandaises et françaises, principales détentrices de ces réserves.

L’impact indirect ne serait toutefois pas à négliger : le marché pourrait en tirer la conclusion que la BCE peut garder ses taux bas plus longtemps. Si cette anticipation se traduit par un aplatissement de la courbe des taux, cela pourrait affecter négativement les bénéfices des banques et avoir un effet contraire à celui recherché. La création de deux taux différenciés pour la facilité de dépôt semblerait donc plus intéressante dans le cadre d’une baisse supplémentaire des taux de refinancement. Mais à voir le dernier chiffre de la croissance européenne (0,4 % au premier trimestre), il semble que nous n’en soyons, fort heureusement, pas du tout là.

Arnaud-Guilhem Lamy Responsable des stratégies obligataires euro aggregate ,  BNP Paribas Asset Management

Arnaud-Guilhem Lamy est responsable des stratégies obligataires euro aggregate au sein de BNP Paribas Asset Management.

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