Pas d’inflation persistante sans augmentation des salaires

Publié le 17 septembre 2021 à 15h43

Arnaud-Guilhem Lamy

L’inflation aux Etats-Unis dépasse 5 % depuis mai. Pourtant, ni les marchés ni les banques centrales ne semblent vraiment s’inquiéter. Il y a, en effet, un fort consensus concernant l’aspect transitoire de l’inflation : hausse du coût du transport, des matières premières, du prix des voitures d’occasion, des phénomènes qui ont, a priori, peu de risques de se reproduire. Toutefois, à terme, l’inflation reste liée aux coûts salariaux. Les salaires ont augmenté aux Etats-Unis de 4,3 % sur un an en août. Le salaire de réserve moyen y est, lui, passé de 64 000 à 69 000 dollars. Ces chiffres amènent donc à s’interroger sur le côté transitoire de l’inflation. Cette dynamique pourrait être due aux allocations de chômage fédérales exceptionnelles versées depuis le début de la crise. Ainsi, malgré la hausse sur un an, le salaire de réserve pour les personnes aux revenus inférieurs à 80 000 dollars a baissé en juillet après la fin des aides dans de nombreux Etats américains, et le taux de participation au marché du travail est 1,7 point plus bas qu’avant la pandémie. Les prochaines semaines seront donc révélatrices, alors que les allocations de chômage exceptionnelles se sont interrompues début septembre partout, et que la réouverture des écoles devrait faciliter le retour à l’emploi des parents. Si, malgré ces changements, les salaires conservent leur dynamique haussière, les investisseurs devront revoir leurs prévisions d’inflation et l’effet de second tour pourrait se matérialiser, à tout le moins aux Etats-Unis.

Arnaud-Guilhem Lamy Responsable des stratégies obligataires euro aggregate ,  BNP Paribas Asset Management

Arnaud-Guilhem Lamy est responsable des stratégies obligataires euro aggregate au sein de BNP Paribas Asset Management.

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