L’indépendance des banques centrales n’est jamais acquise

Publié le 5 avril 2019 à 12h08

Christophe Morel

En théorie, une banque centrale indépendante est plus crédible, donc mieux à même de réussir les objectifs assignés. Au-delà du fait que cet argument a été contesté empiriquement, force est de reconnaître que la pression politique augmente sur les banques centrales, singulièrement aux Etats-Unis. Cette indépendance sera de plus en plus remise en question pour deux raisons.

D’une part, si l’action des banques centrales a permis de réduire la dispersion des revenus, elle a aussi augmenté les inégalités de patrimoines. En particulier, les politiques monétaires non conventionnelles ont fortement revalorisé les patrimoines immobilier et financier… de ceux qui en avaient. De facto, les politiques d’achat d’actifs ont été très redistributives, ce qui n’est pas dans le mandat des banques centrales, qui n’en ont pas la légitimité démocratique. A l’avenir, la pression politique s’accentuera inévitablement pour «contrôler» les actions des banques centrales.

D’autre part, en cas de récession, l’action monétaire devra être combinée avec la politique budgétaire et fiscale. A l’image du Japon, une plus forte coordination des politiques économiques rendra les banques centrales davantage «partenaires» des autorités fiscales.

Plus globalement, dans un environnement d’endettement élevé et de croissance faible, où la «répression financière» (maintenir les taux durablement bas) est le seul levier pour favoriser le désendettement, la question de l’indépendance des banques centrales se posera de plus en plus.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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