S’attendre à de l’inflation, mais ne pas la craindre

Publié le 19 mars 2021 à 15h06

Christophe Morel

Si la perspective d’une reprise forte de l’activité est désormais consensuelle, le scénario dominant sur l’inflation est celui d’une normalisation. Pour autant, plusieurs arguments plaident pour une hausse cyclique forte de l’inflation. D’abord, l’impulsion budgétaire synchrone et exceptionnelle provoque un choc global de demande positif qui doit se traduire dans les prix. Ensuite, ces impulsions alimentent une hausse puissante du cours de toutes les matières premières, industrielles, agricoles, etc. Par ailleurs, l’offre est très en retard par rapport à la demande, ce qui doit inciter les entreprises à transférer la hausse du prix des intrants sur les extrants. Enfin, la nouvelle architecture de la politique économique est durablement reflationniste : la politique budgétaire restera accommodante pour limiter les risques politiques et sociaux, et la nouvelle stratégie monétaire des banques centrales est plus tolérante à l’égard de l’inflation.

Pour les investisseurs, l’incertitude « primordiale » sur la valeur future d’un actif financier est nominale, c’est-à-dire liée aux perspectives d’inflation. Dans les prochains mois, cette incertitude nominale – que l’on peut approximer par la volatilité de l’inflation – provoquera une hausse de la volatilité sur les actifs risqués. Mais tant que l’inflation reste en deçà de 6 %, les ratios de capitalisation des actions ne seront pas durablement pénalisés. Au final, s’il faut s’attendre à une recrudescence d’inflation, il ne faut pas la craindre.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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