La Fed de plus en plus préoccupée par la faible inflation

Publié le 24 mai 2019 à 11h29    Mis à jour le 28 mai 2019 à 17h16

Didier Borowski

La correction intervenue sur les marchés en fin d’année dernière et la montée du risque protectionniste expliquent en partie le revirement de la Fed depuis le début d’année.

Comme l’ensemble des banques centrales, elle est évidemment préoccupée par les tensions commerciales grandissantes entre les Etats-Unis et la Chine. Mais il ne s’agit pas seulement de cela. Aux Etats-Unis, on observe en effet que l’inflation a ralenti alors même que la croissance a surpris à la hausse au cours des deux dernières années. Et, contre toute attente, les anticipations d’inflation se sont également repliées.

Ce qui est nouveau, c’est que certains des membres de la Fed considèrent désormais que la faiblesse des anticipations d’inflation peut, à elle seule, justifier une baisse du taux des fed funds, et ce même si la croissance n’est pas menacée ! Le 22 mai, James Bullard, président de la Fed de St Louis, s’est clairement exprimé en ce sens. Ce qui sous-tend implicitement son analyse est que le «taux d’intérêt neutre» est (peut-être) plus faible que ce qui avait été initialement estimé. En d’autres termes, la Fed serait allée trop loin l’an dernier dans le resserrement monétaire.

Les marchés escomptent déjà une baisse de taux. Il est prématuré de conclure que ces anticipations sont fondées. Mais il est clair que les risques sont devenus très asymétriques et qu’il suffirait de peu de chose, dans l’environnement actuel, pour convaincre la Fed de baisser ses taux directeurs. A noter toutefois qu’il ne s’agirait pas nécessairement du début d’un cycle de baisse des taux mais d’une décision préventive visant à assurer un meilleur ancrage des anticipations d’inflation.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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