Le discours des banques centrales pour prolonger le cycle

Publié le 5 juillet 2019 à 12h23    Mis à jour le 5 juillet 2019 à 15h19

Didier Borowski

La BCE et la Fed se disent prêtes à agir si nécessaire. Pourtant, des deux côtés de l’Atlantique, la consommation continue de bénéficier de la bonne tenue du marché du travail. Certes, le secteur manufacturier est en berne et l’investissement en biens d’équipement commence à battre de l’aile. Mais les services tiennent bon, grâce à la consommation : on observe d’ailleurs, depuis plusieurs années déjà, une baisse de la corrélation entre industrie et services. Dans la zone euro, l’affaiblissement des anticipations d’inflation et des perspectives de croissance préoccupe la BCE. Mais cela ne suffit pas à expliquer sa communication plus accommodante. Aux Etats-Unis, le tassement de la croissance attendue ne justifie pas non plus les baisses de taux de la Fed que le marché obligataire a intégrées (100 points de base au total d’ici à douze mois). Jerome Powell prend d’ailleurs soin de ne pas alimenter de telles attentes.

En fait, la communication des deux banques centrales vise avant tout à se prémunir contre les risques baissiers, en particulier ceux associés à la montée du protectionnisme. La zone euro est environ deux fois plus ouverte que les Etats-Unis. Une chute de la demande mondiale s’accompagnerait de pressions désinflationnistes indésirables si l’euro venait à s’apprécier au même moment. Mario Draghi a ouvert la porte à une baisse des taux afin d’éviter que l’euro ne s’apprécie par défaut, suite, par exemple, à une baisse des taux de la Fed plus marquée que prévu. Quitte à décevoir, aucune des deux banques n’entend se précipiter, car leur stratégie a porté ses fruits : les taux d’intérêt à long terme ont chuté. La BCE devrait préciser ses intentions lors de son comité du 25 juillet. Pour la Fed, il faudra patienter jusqu’au FOMC du 31 juillet.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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