L'analyse de Didier Borowski

Quand Condorcet redevient à la mode

Publié le 12 avril 2019 à 12h02    Mis à jour le 12 avril 2019 à 14h47

Didier Borowski

Quand, lors d’un choix politique, de multiples options sont sur la table et qu’aucune d’entre elles ne retient la majorité, on en conclut trop souvent que la situation est bloquée. C’est précisément la situation au Royaume-Uni autour du Brexit. En fait, la réalité sur laquelle butent les Britanniques a été bien identifiée par Condorcet au xviiie siècle. A la suite de ses travaux, on appelle «vainqueur de Condorcet» le choix qui est préféré à toutes les autres options, même lorsqu’il ne dispose pas de la majorité. Trois universitaires britanniques ont récemment proposé de recourir à ce qu’ils nomment la «procédure du maillon faible» («weakest link») pour trouver de façon simple et rapide ce «vainqueur de Condorcet» et débloquer définitivement la situation au Parlement. Il s’agit d’organiser une série de votes : lors du premier vote, toutes les options débattues sont sur la table simultanément. A chaque tour, l’option qui a recueilli le moins de suffrages est éliminée, jusqu’au dernier tour.

Théoriquement possible, ce procédé n’a jamais été mis en œuvre, car inutile en temps normal. Cependant, Theresa May a clairement dit que, si les partis conservateur et travailliste ne parvenaient pas à trouver un compromis, elle se retournerait – sous réserve de l’approbation des travaillistes – vers la Chambre des communes, pour trouver une solution via des votes indicatifs. Ces derniers, contrairement à la tradition, seraient exécutoires, ce qui les distinguerait des précédents votes indicatifs réalisés, qui n’étaient que consultatifs. La procédure du maillon faible pourrait donc être retenue.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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