L'analyse de Didier Borowski

Vers un affaiblissement du dollar ?

Publié le 3 février 2020 à 11h57

Didier Borowski

La question peut surprendre, tant l’épidémie de coronavirus bénéficie au dollar et aux titres du Trésor américain. L’impact économique de la crise sanitaire sera sans doute très significatif à court terme, notamment en Chine. Néanmoins, le choc sur l’activité devrait être de courte durée, et les fondamentaux reprendront le dessus à mesure que la crise sanitaire se résorbera. Une fois passée l’épidémie, la récession industrielle mondiale devrait donc prendre fin et le commerce mondial se redresser lentement.

Que faut-il en conclure sur les monnaies ? On peut distinguer les devises qui s’apprécient quand l’économie va bien (dites procycliques) de celles qui, a contrario, s’apprécient quand tout va mal (dites contracycliques). On trouve généralement les premières au sein des économies émergentes, tandis que les devises contracycliques dominent dans les économies avancées. Le dollar (contracyclique) a ainsi bénéficié l’an dernier de la dégradation de l’environnement international et de la récession industrielle mondiale. Il bénéficie, dans la même veine, de son statut de valeur refuge depuis le début de l’épidémie.

Or on observe que les devises tendent à sur-réagir dans les phases de risque et d’incertitude. Les pays les plus sévèrement touchés par la contraction du commerce, la récession industrielle et l’épidémie virale devraient donc être les premiers à bénéficier ultérieurement d’entrées de capitaux. Tandis que les monnaies qui ont bénéficié de leur statut de valeur refuge devraient, selon toute logique, s’affaiblir (à commencer par le dollar). C’est d’autant plus vrai que l’environnement de taux d’intérêt faibles et de croissance molle dans les pays avancés nourrit chez les investisseurs la recherche de rendement et de diversification. Les pays émergents (les plus solides) sont des candidats sérieux.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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