L'analyse de Didier Borowski

Vers une «bad bank» européenne ?

Publié le 17 juillet 2020 à 16h00    Mis à jour le 25 septembre 2020 à 17h13

Didier Borowski

En période de crise, le nombre de prêts qui ne peuvent être remboursés s’accroît. Ni le Fonds européen de relance, ni les plans budgétaires nationaux, ni même la BCE ne peuvent empêcher les défauts ou faillites d’entreprises.

Certes les banques sont mieux capitalisées qu’en 2008 et la crise n’a pas été précédée d’un boom du crédit. Mais les banques sont moins rentables et les dettes publiques et privées plus élevées. Bien que ces créances douteuses aient diminué de moitié en quatre ans (500 milliards d’euros dans la zone euro ; 3,2 % de l’encours des prêts à la fin de 2019), elles sont encore élevées dans les pays périphériques (6,4 % en Italie). Or les études montrent qu’après une crise, les créances douteuses augmentent en moyenne jusqu’à trois fois leur niveau d’avant la crise, et plus de dix fois dans les cas extrêmes.

Pour l’heure, le canal du crédit fonctionne bien grâce aux opérations de refinancement à long terme de la BCE (voir aussi p.8). Néanmoins, l’accumulation de créances douteuses représente un risque pour la stabilité macrofinancière et peut limiter le volume du crédit bancaire disponible. Pour remédier à ce problème, de nombreuses solutions ont été avancées, parmi lesquelles la création d’une (ou de plusieurs) structure de défaisance (bad bank) qui absorberait les créances douteuses, les titriserait et les vendrait aux investisseurs. Cela impliquerait une forme de soutien gouvernemental ou de garanties du Mécanisme européen de stabilité. Les règles de l’UE relatives aux aides publiques ont empêché ce projet de voir le jour. Mais, en mars dernier, la Commission a adopté un assouplissement temporaire de ces règles qui pourrait ouvrir la voie à une solution de ce type en Europe si cela s’avère nécessaire pour alléger les banques du fardeau de la crise.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

Du même auteur

Voir plus

Chargement en cours...