France : reprise en trompe-l’œil

Publié le 23 janvier 2015 à 15h21

Dominique Barbet

La France a échappé à la récession que presque tous les pays européens ont connu depuis début 2011. En fait, au cours des dix derniers trimestres, le PIB a connu six trimestres de hausse et quatre de baisse (le chiffre du deuxième trimestre a ainsi été révisé à - 0,1 %) ; mais jamais deux reculs consécutifs, ce qui aurait affiché une récession. Le PIB français a progressé de 0,3 % sur le troisième trimestre. La reprise serait-elle en marche ?

La production nationale est bien en hausse de 0,5 % sur le trimestre. Mais la consommation publique, qui inclut maintenant les crédits d’impôts (traités comme des subventions), y joue encore un rôle important, qui ne pourra pas être durable, contrainte budgétaire oblige. Surtout, la croissance du PIB vient entièrement de l’accumulation des stocks, matériel de transport notamment (ou énergie fossile en prévision d’une éventuelle crise avec la Russie). La production devra donc ralentir à nouveau en fin d’année pour résorber les stocks en excès. Hors stocks, la croissance aurait donc été nulle ? Certainement pas, puisqu’une part de ces stocks est constituée des produits importés et non fabriqués localement ; hors hausse des stocks nous aurions eu moins d’importations. Il reste que produire sans pouvoir vendre est vain.

Il faut se tourner vers d’autres indicateurs pour mieux lire la situation. L’emploi marchand hors agriculture a reculé de 0,2 % au cours de ce troisième trimestre après avoir progressé à la marge au deuxième trimestre. Des mouvements inverses à ceux du PIB, qui ne font que refléter les décalages temporels entre les décisions prises et leur mise en œuvre. En un mot, l’activité de 2014 reste trop molle pour permettre la hausse de l’emploi et le recul du chômage. La vraie reprise sera pour 2015, au plus tôt.

Dominique Barbet

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