La préférence pour le futur

Publié le 27 mars 2015 à 9h44    Mis à jour le 27 mars 2015 à 15h30

Dominique Barbet

La théorie économique définit le taux d’intérêt comme le prix de la préférence pour le présent. Donc, des taux négatifs témoignent logiquement d’une préférence pour le futur.

La volonté de désendettement des agents économiques publics, notamment en zone euro, mais aussi privés, aux Etats-Unis par exemple, se heurte à un désir d’épargne dans des pays qui sont de plus en plus souvent confrontés à la problématique du vieillissement. Il est donc logique de voir la rémunération de l’épargne diminuer. Puisque des nations entières veulent épargner davantage, cela s’accompagne de la recherche d’excédents des balances courantes, ou de la réduction de leurs déficits : une équation insoluble au niveau mondial. Dans ces conditions la demande tend à être inférieure à l’offre. L’activité est exposée à un risque de contraction durable qui ne peut que renforcer le désir d’épargner.

Les politiques monétaires des banques centrales font écho à cette situation. En déversant des tombereaux de liquidités sur les marchés financiers, elles cherchent à relancer la croissance. Elles fournissent ainsi un actif, leur propre bilan, à ceux qui veulent épargner à tous crins. Cela passe, bien sûr, par une baisse des taux réels, c’est-à-dire inflation déduite. Les forces en jeu dans l’économie financière et dans l’économie réelle se répondent mutuellement. Il semble donc que le monde, en vieillissant, soit entré dans une ère de rémunération réelle faible. Cela pourrait durer tant que la confiance dans l’avenir n’est pas restaurée et aussi longtemps qu’une vraie préférence pour le présent ne réapparaît pas.

Dominique Barbet

Chargement en cours...