Vers une «éco-diversité»

Publié le 28 juin 2019 à 11h34

Jean-François Boulier

Pour les investisseurs, la notion de diversité revêt plusieurs dimensions, dont certaines, émergentes, pourraient faire débat. Ils scrutent ainsi de plus en plus les entreprises qu’ils financent pour jauger leurs pratiques en matière de diversité de leurs équipes ou de leurs instances de décision. Ils s’intéressent également davantage aux menaces pesant sur la biodiversité naturelle, soulignées par un rapport récent d’un groupe d’experts intergouvernemental.

Mais ils pourraient à terme être conduits à porter une plus grande attention à la diversité sur le plan économique, une sorte d’«éco-diversité». En effet, la diversité apportée par une compétition saine, si désirable pour le consommateur, amène les régulateurs à réfléchir à un encadrement des activités monopolistiques. En première approche, un investisseur pourrait vouloir bénéficier de rentes et préférer des situations où les entreprises, par leur taille, génèrent des quasi-monopoles de fait, comme l’exemple des Gafa l’illustre à nouveau. Mais cette taille peut en même temps nuire à leur inventivité ou à leur capacité d’adaptation. L’impératif de diversification des risques, qui est au cœur d’une politique d’investissement de long terme, peut difficilement être respecté si l’absence de compétition économique a réduit singulièrement les opportunités de diversification. Dès lors, en matière d’investissement, il paraît utile de favoriser l’émergence du concept d’«éco-diversité».

Jean-François Boulier Président d'honneur ,  Af2i

Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.

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