Vers un nouvel équilibre sur les spreads de crédit

Publié le 30 mars 2018 à 10h20    Mis à jour le 30 mars 2018 à 15h45

Thierry Million

Depuis plusieurs années, le marché des obligations credit corporate européen délivre de remarquables performances grâce à une exceptionnelle réduction des spreads. De 180 points de base (pb) tous secteurs confondus en 2012, les spreads s’étaient réduits jusqu’à 43 bp en janvier. Cette compression résulte notamment de l’effet combiné de l’amélioration des ratios financiers des entreprises, de l’appétence des investisseurs pour le rendement et des acquisitions systématiques de titres obligataires par la BCE dans le cadre de son QE. En fait, la banque centrale a contribué significativement à la réduction des rendements sur les titres d’entreprise, car depuis le début du programme (CSPP) elle a acheté pour 150 milliards d’euros d’obligations, soit 19 % de l’encours éligible. Mais 2018 marquera certainement un tournant, car la BCE va mettre fin à ses achats d’ici la fin d’année.

Aujourd’hui, les spreads de crédit se sont déjà écartés de 50 % depuis le niveau le plus serré. En anticipation de la poursuite de ce mouvement, les entreprises accélèrent leurs émissions pour bénéficier de taux encore très bas. Ce faisant, elles génèrent une surabondance d’offre sur les marchés qui, de facto, exigent une prime supplémentaire. De surcroît, la fin des injections monétaires créera de la volatilité, dans un contexte où les investisseurs sont particulièrement exposés aux actifs risqués. Les inévitables allégements de positions dans un contexte d’attrition de la liquidité vont également élargir les spreads.

En dépit d’une conjoncture économique porteuse, favorable aux entreprises, la prudence est recommandée sur cette classe d’actifs. La sous-performance proviendra de facteurs techniques d’inversion de flux ramenant, d’ici quelques mois, les spreads de crédit à des niveaux d’équilibre plus élevés.

Thierry Million Directeur de la gestion obligataire ,  Allianz Global Investors France

Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.

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