Métier

Consolideur : un profil toujours aussi rare et cher !

Publié le 4 mai 2018 à 10h32    Mis à jour le 4 mai 2018 à 16h21

Anne del Pozo

Qu’il soit expérimenté ou non, le consolideur est d’autant plus difficile à recruter qu’il est rarement dans une démarche active de recherche d’emploi.Pour l’attirer puis le fidéliser, l’entreprise devra donc lui proposer une rémunérationet des perspectives d’évolution attractives.

Ce n’est pas nouveau, le consolideur est un profil particulièrement recherché dans les entreprises. «Aujourd’hui, les problématiques de recrutement sur ce métier sont d’ailleurs telles qu’elles génèrent une accumulation de postes à pourvoir, constate Mikaël Deiller, directeur finance & accounting chez Mickaël Page.Si le consolideur est tant convoité, c’est notamment en raison des compétences techniques qu’il doit posséder, dont peu de financiers disposent.

«Chez Schneider Electric, ils ont pour mission de produire des comptes consolidés dans le respect des normes locales et internationales (IFRS), de comprendre et d’analyser les résultats ainsi que d’accompagner l’entreprise sur de grands événements tels que les fusions et acquisitions», explique Célia Georget, vice-présidente group reporting et consolidation de Schneider Electric. A cet effet, les consolideurs doivent avoir une appétence particulière pour les techniques comptables et maîtriser les normes IFRS. Généralement diplômés d’un bac + 5 (DSCG, DEC, Master 2 comptabilité, contrôle, audit (CCA) ou école de commerce avec option finance), ils ont souvent une expérience en audit externe, en conseil en consolidation, en consolidation/reporting financier ou en contrôle financier. Il est également indispensable de maîtriser les systèmes d’information métiers, notamment SAP Financial Consolidation ou Oracle Hyperion Financial Management.

Des techniciens aguerris

Les candidats juniors font souvent leurs premières armes dans les cabinets d’audit ou d’expertise comptable et de conseil qui, pour certains, disposent d’un pôle consolidation. «Nous recrutons alors de jeunes diplômés que nous formons pour devenir consultants en consolidation, explique Sébastien Courbe, associé expert-comptable et directeur général de Primexis. Pour les trouver et les inciter à suivre cette voie, nous participons régulièrement à des forums métiers, nous organisons des job datings et nous nous appuyons sur les réseaux sociaux et professionnels.» Il n’est cependant pas très courant de débuter sa carrière par un poste de consolideur. «Les recruteurs cherchent d’ailleurs souvent des profils plus confirmés, qui ont au moins trois saisons d’audit en cabinet ou de conseil en consolidation à leur actif par exemple», insiste Sophie Joannes, senior manager finance chez Fed Finance.

Un profil de communicant

Les compétences recherchées par les recruteurs ne s’arrêtent pas uniquement à la dimension technique de leur métier. «Des qualités en termes de communication sont indispensables, de même que la capacité à gérer la pression liée à la réduction des délais de clôture et à la multiplicité des reportings aux fréquences de plus en plus rapides», précise Sébastien Courbe. Un point de vue partagé par Célia Georget qui attend également de ses consolideurs «qu’ils soient curieux et ouverts d’esprit, s’intéressent à nos métiers et interagissent avec nos managers comptabilité et reporting, directeurs financiers et contrôleurs de gestion de chaque pays». La dimension internationale du métier requiert également un bon niveau d’anglais, qui est d’ailleurs généralement leur langue de travail au quotidien.

Rendre le poste attractif

S’ils savent ce qu’ils cherchent, les recruteurs ont cependant du mal à trouver la perle rare. «Face à un marché tellement porteur, les consolideurs expérimentés attendent généralement que les entreprises les sollicitent pour leur proposer des opportunités même lorsqu’ils sont à l’écoute du marché», poursuit Sophie Joannes. Ce n’est pourtant pas faute de proposer des salaires attractifs compris, en fonction de l’expérience, entre 35 000 et 75 000 euros pour un consolideur et 60 000 et 130 000 euros pour un responsable consolidation (voir encadré). Cependant, pour les attirer, les entreprises devront également avancer d’autres arguments, notamment en matière d’évolution professionnelle.

Un département à rotation

De nombreuses entreprises considèrent ainsi leur département consolidation comme des pépinières de talents. «La consolidation peut être un véritable tremplin vers des mobilités horizontales ou verticales en comptabilité et finance, estime ainsi Mikaël Deiller. Ce métier, de par sa technicité, sa vision d’ensemble et son exposition, mais également par les interactions qu’il nécessite avec les différentes directions et départements des entreprises, prépare les consolideurs à des fonctions de direction comptable ou de direction des normes et procédures, au contrôle financier, voire à des postes de direction financière. Il offre donc des perspectives intéressantes en termes de développement de l’employabilité.» Schneider Electric, qui mise notamment sur sa forte culture d’entreprise et sa stratégie de développement pour attirer ces talents, capitalise également sur les perspectives d’évolution que le groupe peut leur proposer grâce à sa diversité en termes d’implantations géographiques et de métiers. «D’ailleurs, nous expliquons aux candidats que nous leur proposons davantage une carrière au sein de notre groupe qu’un simple poste de consolideur, précise Célia Georget. Chez nous, ils restent en moyenne trois ans à leur poste et évoluent ensuite vers des fonctions de controlling ou de direction financière pays. Pour y veiller, nous les faisons travailler avec différents départements, pays et métiers du groupe, de manière qu’ils en aient une vision globale et qu’ils choisissent ensuite la voie vers laquelle ils souhaitent aller.»

Développer leur employabilité

Les cabinets d’expertise comptable et de conseil qui recrutent ces profils proposent pour leur part des évolutions vers des postes d’associés ou de directeurs de clientèle. «A cet effet, nous misons davantage sur le transfert de compétences tant techniques métiers que systèmes d’information, précise Sébastien Courbe. Nous constatons en effet que la fidélisation des collaborateurs est fortement liée à la dynamique d’apprentissage.» Passer par un cabinet de conseil permet également aux consolideurs de donner un nouvel élan à leur carrière et de rebondir vers un poste à plus forte responsabilité, comme directeur consolidation, s’ils souhaitent retourner en entreprise.

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