Direction financière

Des rémunérations toujours orientées à la hausse pour 2020

Publié le 13 décembre 2019 à 15h57

Anne del Pozo

Favorable aux collaborateurs qui opèrent dans les directions financières d’entreprises depuis quelques années déjà, le marché de l’emploi devrait rester dans une configuration identique en 2020. De quoi entretenir le mouvement de hausse des rémunérations, en particulier sur les fonctions en forte pénurie.

Depuis plus de deux ans maintenant, la hausse des rémunérations dans les métiers de la finance suit la même tendance que celle des cadres en général. «En 2018, les salaires dans la finance ont augmenté de 2,5 % en moyenne (contre 2,7 % pour les cadres) et de 2,7 % en 2019 (contre 2,5 % pour les cadres), précise Ilann Boukais, manager division finance chez Robert Walters. En 2020, nous nous attendons à une nouvelle augmentation moyenne de 2 %.» Si les bons résultats enregistrés par la plupart des sociétés françaises soutiennent de telles revalorisations, la principale raison est ailleurs : en raison d’un marché de l’emploi dynamique dans le secteur de la finance d’entreprise, de nombreux recruteurs se disent confrontés, ni plus, ni moins, à une pénurie de talents. Un déficit structurel qui vaut notamment pour les consolideurs – la situation n’est nouvelle –, les trésoriers et les comptables. Pour ne rien arranger, certains groupes ont des besoins tels qu’ils consistent à dénicher la perle rare. «Sur différents métiers de la direction financière, les recruteurs cherchent de plus en plus des profils “hybrides” IT et Finance, ayant une vraie capacité à accompagner le changement, notamment face au développement du digital», illustre Ilann Boukais.

Contrôleurs de gestion, consolideurs et chefs comptables, grands gagnants

La raréfaction de ces profils ne laisse pas d’autres choix aux entreprises que de revoir à la hausse leur package de rémunération. «Nous avons par exemple été récemment missionnés par une entreprise du secteur logistique comptant près de 4 000 salariés pour le recrutement d’un contrôleur de gestion commercial de trois à cinq ans d’expérience, précise Aurélien Boucly, associate business director chez Robert Half. Le candidat retenu a été recruté à un salaire fixe de 48 000 euros plus un variable de 10 %, hors participation et intéressement, dans la fourchette haute du revenu médian du guide des salaires 2020 de Robert Half.» Les consolideurs n’hésitent également pas à tirer profit de la situation actuelle. «Nous menons actuellement un recrutement pour un poste de consolideur bilingue de cinq à huit ans d’expérience pour le compte d’une PME internationale basée en France, poursuit Aurélien Boucly. Dans le cadre de nos démarches, nous avons rencontré une candidate répondant à l’ensemble des critères ayant des attentes en termes de rémunération à 75 000 euros, sachant que le salaire médian pour ce poste est, selon notre guide des salaires 2020, de 59 000 euros.» Même si ce recrutement n’a toujours pas été bouclé, l’entreprise, non surprise par la requête, n’a toutefois pas envoyé de fin de non-recevoir à cette candidate. La tâche des directions financières est d’autant plus délicate qu’elles cherchent en plus des compétences particulières, par exemple une maîtrise de la fiscalité ou la pratique courante de l’anglais.

L’anglais est aussi une compétence qui contribue à la hausse des salaires des chefs comptables. «De même, s’ils ont des connaissances pointues sur des outils informatiques de type ERP, les rémunérations des responsables comptables peuvent s’envoler de 5 à 10 % par rapport aux salaires de référence observés ces dernières années, constate Maxime Soublin, manager executif chez Michael Page. La hausse des rémunérations attendue sur ce poste s’explique également par l’évolution du métier, de plus en plus orientée autour de la gestion de projets liés, par exemple, à la transformation digitale.» En comptabilité, les salaires augmentent même pour les profils plus juniors. A 35 000 euros il y a moins de cinq ans, le salaire annuel des comptables juniors avoisine aujourd’hui plutôt 37 000-38 000 euros. «Toutes les fonctions de comptabilité sont concernées, y compris les postes de comptabilité fournisseurs, souligne Sophie Joannes, senior manager chez Fed Finance. Depuis cette année, ces profils sont recrutés avec des salaires supérieurs à 30 000 euros alors qu’ils étaient encore parfois inférieurs à 28 000 euros il y a plus d’un an. Il n’y a plus forcément de corrélation entre le salaire (et/ou prétentions salariales) des candidats et leurs compétences.»

Le salaire à lui seul ne suffit plus pour attirer les talents

Pour les entreprises, s’aligner sur les attentes financières du collaborateur ne suffira cependant pas. «La rémunération est certes un facteur important pour capter et fidéliser les financiers mais, depuis deux ou trois ans, nous voyons apparaître d’autres critères auxquels les candidats sont attentifs, tels que la marque employeur, les perspectives d’évolution sur le moyen et long terme, la relation avec le management, la flexibilité du temps de travail (télétravail, aménagement des horaires, etc.) ou encore la localisation géographique de l’entreprise», insiste Ilann Boukais. Sur certains postes intégrant du consulting notamment, les candidats sont également sensibles à la qualité du portefeuille clients. «C’est notamment le cas pour les postes en cabinets d’expertise comptable ou d’audit», insiste Sophie Joannes. La sensibilité aux missions qui seront proposées ressort enfin comme un critère de plus en plus déterminant.

La réactivité dans le recrutement plébiscitée par les candidats

Pour certains métiers, il n’est pas rare qu’un candidat reçoive simultanément trois ou quatre propositions de postes. «Un consolideur à l’écoute du marché n’a pas besoin d’être visible sur les “jobboards” (site hébergeant des offres), ni de postuler aux annonces puisqu’il est spontanément très sollicité tant par les entreprises que par les cabinets de recrutement», indique Ilann Boukais, manager division finance chez Robert Walters.

Dans ce contexte, les entreprises n’ont pas d’autre choix que d’accélérer leurs processus de recrutement. «Il y a quelque temps, lorsque l’on rencontrait un candidat le lundi, celui-ci était souvent encore en recherche 15 jours plus tard, explique Sophie Joannes, senior manager chez Fed Finance. Aujourd’hui, il est plus fréquent qu’en deux ou trois jours, ce candidat ne soit plus disponible. Par exemple, nous avons récemment rencontré un lundi un candidat pour un poste en comptabilité générale et avons transmis son dossier à notre client le jour même. Trois jours plus tard, le candidat avait le choix entre trois autres offres.»

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