Recrutement

Directeurs financiers : les bons réflexes pour une recherche d’emploi

Publié le 2 décembre 2013 à 11h40    Mis à jour le 24 juillet 2014 à 15h59

Domitille Arrivet

Croissance à l’arrêt, chômage qui grimpe.... Les directeurs financiers ne coupent pas à cette désolation ambiante même si, selon les professionnels du recrutement, l’horizon pour eux s’éclaircit. Alors, lorsque la concurrence entre les candidats qui cherchent un emploi reste rude, mieux vaut être efficace.

Alors que le marché de l’emploi est tendu, la clé réside plus que jamais dans l’identification des postes à pourvoir. Celui qui s’en tiendrait aux méthodes d’autrefois partirait en quête d’une aiguille dans une botte de foin. Aujourd’hui, une chasse tous azimuts est devenue cruciale. «Le premier réflexe à avoir lorsqu’on entame une recherche à ce niveau de poste est de réactiver son réseau. Le réseau social – direct ou professionnel – mais aussi le réseau digital avec des outils tels que LinkedIn, Viadeo, ou Xing», conseille Mikaël Deiller du cabinet de recrutement Michael Page.

Toutes les connexions sont à explorer : les proches, les anciens de l’école, les ex-collaborateurs, les fournisseurs, les commissaires aux comptes... Pour ce faire, mieux vaut avoir entretenu un réseau lorsqu’on était en encore en poste. Travailler son réseau c’est aussi, aux yeux des spécialistes, se rendre visible dans son univers professionnel en publiant des articles, en participant à des conférences et des séminaires ou encore en faisant partie d’une association professionnelle (DFCG par exemple).

L’investissement vaut la peine : c’est ce réseau qui permettra de remonter les filières à force de contacts et de rendez-vous, jusqu’à prendre connaissance de postes à pourvoir avant qu’ils ne paraissent au grand jour. «Attention cependant à ne pas se laisser déborder par cette première phase : les réseaux sociaux sont chronophages et un profil Linkedin bien à jour avec de bonnes connexions peut suffire à se rendre visible», avertit Marina Baillon, du cabinet Robert Walters.

Viennent ensuite les offres d’emploi des job boards (Cadremploi, Apec, eFinancialCareers, etc.). S’ils ne sont pas à négliger car ils regorgent d’annonces, ils ne suffisent cependant pas pour les postes de direction financière car, si les entreprises sont parfois tentées d’utiliser ces médias de masse pour dénicher la perle rare à moindre coût, elles font vite l’expérience qu’un directeur financier expérimenté n’est pas facile à repérer dans un flot de candidatures non ciblées qui lui parviennent d’un clic. Ne vous y attardez donc pas !

A ce niveau de poste, les cabinets de recrutement sont un moyen plus efficace pour trouver chaussure à son pied, notamment s’ils sont des spécialistes des métiers de la finance. «A partir d’un certain niveau d’expérience, être en contact avec deux ou trois chasseurs de tête peut être suffisant pour entretenir un réseau et l’activer en cas de besoin. Un coup de fil ou un mail une ou deux fois par an pour se rappeler à nous peut permettre au candidat d’être prévenu avant les autres lorsqu’une opportunité se présente», conseille Marina Baillon.

Pour autant, tout miser sur les cabinets serait une erreur. Tout d’abord parce que tous les postes vacants ne tombent pas dans leur escarcelle, notamment ceux offerts par les PME qui, par souci d’économies ou de discrétion, préfèrent fréquemment recruter en direct. «Pour les dénicher, l’activation du réseau est essentielle», estime Bruno Fadda, du cabinet Robert Half. Mais aussi parce que, sauf exception sur une poignée de très gros postes dans les grands groupes, les conseils ne s’attardent pas sur les candidats lorsqu’ils n’ont pas de recrutement en cours. «Notre mission est de sélectionner les meilleurs candidats pour un poste. Pas de trouver un poste à des candidats», avertit Mikaël Deiller de Michael Page.

Aussi, pour se placer sur le «marché caché», la candidature spontanée reste nécessaire, mais doit être utilisée à bon escient. «Pour une candidature spontanée, il est indispensable d’identifier les entreprises où l’on veut et où l’on peut aller», souligne Mikaël Deiller. «Alors qu’un jeune diplômé peut “arroser le marché” de candidatures assez largement, au niveau d’expérience qu’ont acquis les directeurs financiers, les envois doivent être ciblés», ajoute Bruno Fadda.

Le marketing de soi-même

Dans une période où les candidatures affluent, une bonne préparation impose aussi de travailler sur ses compétences et ses différences. Les cabinets de recrutement le disent : pour un même poste, il est courant qu’une cinquantaine de postulants bien ciblés soient sans peine identifiés. Il s’agit donc de sortir du lot en mettant en exergue ses points de distinction. «Aujourd’hui un directeur financier est un business partner, il n’est plus un technicien. Nous attendons de lui qu’il puisse expliquer comment, dans ses précédents postes, il a su accompagner la direction générale, conduire une stratégie, mener des hommes», confie Marina Baillon.

Pour ce faire, le CV – de deux pages maximum – fera apparaître en titre quelques mots-clés tels qu’ERP, réorganisations, expertise internationale, expérience dans un grand cabinet, etc. qui permettent de mettre rapidement en exergue les compétences particulières. Les recruteurs s’accordent aujourd’hui à dire que ces points clés leur sont aujourd’hui bien plus utiles sur un CV que l’âge ou la situation familiale.

Ensuite, ne pas hésiter à adapter son CV à chaque envoi.«Tous les détails comptent. En personnalisant son CV en fonction de ce que l’on sait de la demande de l’entreprise, on optimise ses chances. Cela peut aller jusqu’à y insérer des mots utilisés dans le descriptif de poste, par exemple si une annonce utilise le mot “forecast”, le candidat adoptera ce terme plutôt que “prévision”. C’est du marketing», conseille Mikaël Deiller.

Parler mobilité géographique et mobilité professionnelle est aussi une manière d’ouvrir davantage de portes.«Même s’il est plus facile de changer d’entreprise dans un même secteur, il ne faut pas exclure qu’un DAF puisse apporter une valeur ajoutée dans un autre univers. C’est une information que le candidat doit identifier et mettre en valeur», conseille Mikaël Deiller. Et en matière de salaire comme dans tous les domaines, afficher le plus de souplesse possible est payant. Les recruteurs le reconnaissent, à compétences égales, ils donneront la préférence au candidat qui prétend à un salaire de 80 000 euros plutôt qu’à son confrère qui exige 150 000. Reste à viser juste. «Je transmets toujours les prétentions salariales que le candidat me donne telles quelles, sans chercher à l’influencer», signale Mikaël Deiller.

Profiter de ce temps pour se mettre à jour

Selon certains, une rupture dans son parcours professionnel peut être l’occasion de mettre à jour ses connaissances – notamment pour ceux qui ont quitté les bancs de l’école il y a un certain temps. Ce n’est un secret pour personne : il est plus difficile de trouver un poste à 55 ans qu’à 35 ! Alors, raison de plus pour que les «seniors» n’hésitent pas à retourner à la case apprentissage, histoire de réduire l’écart avec les plus récemment formés. Que ce soit avec une formation courte pour s’adapter à une norme ou à un outil que l’on n’a pas eu l’occasion de connaître dans son précédent poste (Bâle 3, IFRS, ERP, etc.), ou une formation plus longue du type Executive master destinée à acquérir un diplôme. «S’il a un an devant lui, le candidat, surtout s’il est autodidacte, peut faire le choix de la validation des acquis d’expérience afin d’obtenir un diplôme. C’est un investissement utile parce que, lorsqu’un recruteur a le choix, il opte toujours pour le candidat diplômé. Et les années d’expérience n’effacent jamais complètement ce réflexe», confie Mikaël Deiller du cabinet Michael Page.

Une position que ne partage pas Marina Baillon de Robert Walters : «Les acquis théoriques qui ne sont pas mis à profit dans un contexte professionnel sont peu valorisables. Seule une formation en langue, dans un contexte d’immersion totale, peut être un vrai plus», estime-t-elle. Dans ce débat chacun fera son choix, la recherche d’emploi n’est pas une science exacte. Mais quelle que soit la stratégie retenue, c’est la proactivité du candidat qui le fera sortir du lot. Et sur ce point, les professionnels du recrutement sont unanimes.

Le profil du directeur financier idéal

  • Une solide formation
  • Etre passé par un grand cabinet d’audit en début de carrière
  • Plusieurs expériences, dans des entreprises différentes
  • Avoir pratiqué LBO et restructuration
  • Afficher une expérience internationale
  • Rechercher depuis moins de deux ans

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