Les directions financières dans la crise

Irrijardin poursuit prudemment sa croissance

Publié le 23 octobre 2020 à 15h39    Mis à jour le 23 octobre 2020 à 19h28

Anaïs Trebaul

Le groupe spécialisé dans l’installation de piscines et spas, ainsi que la vente d’équipements dédiés, vient de boucler son exercice 2019-2020 en septembre dernier avec +17 % de croissance de chiffre d’affaires enseigne. Une progression que ses dirigeants n’imaginaient pas fin mars, mais qui a été rendue possible grâce à la mise en place de nouveaux modes de vente et d’un suivi précis de l’activité. Désormais, le groupe entend poursuivre ses investissements majeurs prévus avant la crise, notamment la mise en place d’une nouvelle base logistique.

La fiche d'identité d'Irrijardin

  • Activité : Installation de piscines, systèmes d’arrosage et spas pour les particuliers, et vente d’équipements dédiés
  • Chiffre d’affaires enseigne TTC 2019/2020 : 119 millions d’euros

 

Comment la crise sanitaire actuelle affecte-t-elle votre activité ?

Notre activité, qui consiste en l’installation de piscines, systèmes d’arrosage et spas pour les particuliers, et la vente d’équipements dédiés, repose sur un réseau de 113 magasins, dont 15 intégrés, les autres étant franchisés. Notre activité est saisonnière : nous avons habituellement un creux d’octobre à février, puis elle repart très fortement à partir du mois d’avril jusqu’en juillet. Cette année, en février, notre chiffre d’affaires était en hausse de +19 % par rapport à l’exercice précédent, ce qui laissait présager une bonne année 2019-2020. En mars, nous avons eu très peur lors de l’annonce de la fermeture de nos magasins, puis du confinement. Pendant deux semaines, nos magasins ont été totalement fermés. Mais dès la fin mars, nous avons commencé la livraison à domicile et la vente par service drive, avec commande à distance. Puis fin avril, nos clients ont pu acheter nos produits au comptoir du magasin. Nous avons à présent une très forte demande pour ces services qui n’existaient pas au sein de nos magasins auparavant et que nous avons mis en place pendant le confinement. Les particuliers, confinés chez eux, ont cherché à améliorer le confort de leur habitation. Par conséquent, si sur la 2e quinzaine de mars, notre chiffre d’affaires a baissé de -36 % par rapport à 2019, le recul a été moins important en avril (-15 %). 

L’activité a ensuite fortement repris lors du déconfinement, aussi bien sur nos articles en magasins que sur les projets de piscine, pour lesquels de nombreuses commandes ont été passées et dont les chantiers ont redémarré au mois de mai. Cependant, ceux-ci ont dû être étalés dans le temps.

Grâce à cette forte reprise qui perdure depuis, nous avons clôturé notre exercice annuel au 30 septembre avec un chiffre d’affaires enseigne TTC 2019/2020 de 119 millions d’euros, soit +17 % de croissance.

La direction financière a-t-elle dû prendre des mesures particulières dans ce contexte exceptionnel ? 

Dès la fin du mois de mars, nous avons eu recours à tous les reports disponibles nous concernant : décalage du remboursement de nos prêts, report de nos échéances fiscales et sociales, report des loyers de certains de nos magasins. Depuis, nous avons remboursé intégralement l’ensemble des reports que nous avions obtenus. Nous avions également reporté à notre tour les échéances de paiement de nos franchisés de deux mois pendant le confinement.

Par ailleurs, pendant le confinement, le comité de direction dont je fais parti s’est réuni avec l’équipe commerciale quasiment tous les jours. L’objectif était d’avoir une vision quotidienne de l’évolution de l’activité, et d’adapter notre offre commerciale en conséquence (drive, vente comptoir, etc.). Enfin, nous avons également repensé l’ensemble de nos postes de dépenses, afin de voir si certaines charges pouvaient être reportées. 

«Nous avons remboursé intégralement tous les reports que nous avions obtenus : remboursement de prêts, échéances fiscales et sociales, paiement des loyers de certains magasins...»


Philippe Raynaud,  secrétaire général en charge des finances 

Avez-vous eu recours à des dispositifs publics ?

Oui, nous avons sollicité un PGE de 4,9 millions d’euros dès son lancement fin mars. Nous avons rapidement obtenu un accord de la part de notre pool bancaire banque, puis les fonds ont été débloqués fin avril. Nous avons apprécié la réactivité de nos conseillers bancaires. Nous n’y avons finalement pas touché et nous prévoyons de le rembourser à son échéance. Nous avons également fait appel au chômage partiel. Désormais, plus personne n’en bénéficie.

Pour ces différentes aides, nous avons soutenu nos franchisés dans leurs démarches, car eux-mêmes ont eu par exemple besoin de solliciter des PGE ou du chômage partiel. Nous leur avons transmis des mails explicatifs et j’ai notamment animé des visioconférences pour les conseiller dans leurs démarches.  

Comment votre direction financière s’est-elle organisée ces dernières semaines et comment travaille-t-elle aujourd’hui ?

Le service financier est composé de sept personnes, réparties sur les sujets comptables, contrôle de gestion, de trésorerie, juridiques et fiscaux. Notre trésorière a été la seule à travailler à plein temps pendant le confinement. Les autres membres de l’équipe ont tous bénéficié du chômage partiel, en travaillant à temps partiel pour la plupart. Nous avons tous travaillé à distance pendant le confinement alors que nous n’y avions jamais eu recours auparavant. Nous n’avons pas eu de difficultés particulières, chacun disposant d’un ordinateur portable professionnel avec accès au réseau à distance. A partir du mois de mai, nous sommes revenus progressivement physiquement au bureau. Désormais, tout le monde est de nouveau en présentiel, avec un jour de télétravail autorisé par semaine. Nous testons ce mode de fonctionnement jusqu’à la fin de l’année avant de décider de le pérenniser ou non. 

Quels sont vos principaux chantiers pour accompagner la relance de votre activité ? 

Nous avons choisi de poursuivre l’ensemble des grands investissements que nous avions décidé de mener. Nous sommes en train de construire une plateforme logistique de 8 500 m2 à côté de notre siège près de Toulouse. Ensuite, nous allons également investir dans un logiciel de gestion des entrepôts WMS, afin d’améliorer le suivi de nos commandes notamment. Nous allons continuer à financer essentiellement ces investissements par le biais d’emprunts. En effet, même si nous avons une trésorerie solide, nous préférons la conserver pour les périodes de basse saison, et emprunter pour investir.

Enfin, nous tablons pour l’instant sur une progression de +9 % du chiffre d’affaires en 2021. Nous préférons toutefois être prudents, nous ne savons pas si la hausse de la demande que nous constatons depuis le confinement va perdurer, notamment en fonction de l’évolution économique des ménages.. 

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