Carrière

Les entreprises parient sur le team building

Publié le 29 juin 2018 à 15h47

Alexandra Milleret

Le bien-être du salarié devient un enjeu majeur pour les instances dirigeantes des entreprises. Ces dernières mettent donc en place, chaque année, des évènements permettant à leurs collaborateurs de se retrouver pour un moment de détente utile à leur développement professionnel.

«Un salarié heureux est un salarié qui travaille bien», disait l’industriel Marcel Dassault. Une formule que les entreprises françaises continuent encore d’appliquer aujourd’hui, dans un monde où l’attention se porte pourtant essentiellement sur la satisfaction du client. La période estivale est, justement, propice à la mise en place d’événements conviviaux réunissant tous les collaborateurs d’une entreprise afin de créer de la cohésion d’équipe et de motiver les troupes pour favoriser la performance de l’entreprise. «Il est fondamental de consacrer un temps au collectif pour contrebalancer les exigences du quotidien et rebooster les équipes, revendique Judith Jiguet, directrice de la transformation chez Engie. Le collectif est le moteur de la performance.» En effet, la rémunération seule n’est plus un facteur suffisant de motivation et la satisfaction devient de plus en plus un levier important d’efficacité au travail.

Sortir du cadre professionnel

Si la plupart des entreprises sont divisées en départements et en équipes, le team building contribue à réduire les scissions en occasionnant des interactions entre les collaborateurs ; il crée ainsi des opportunités pour développer des réseaux et des amitiés en interne.

«Début juillet, nous avons notre barbecue annuel avec nos 300 salariés», illustre Delphine Guyon, directrice des ressources humaines de Reed Midem, société spécialisée dans l’organisation de salons professionnels.

Certains groupes n’hésitent pas non plus à faire voyager leurs équipes pour les souder. «En 2017, nous avons mis en place un U Camp qui rassemble plusieurs fois par an, dans une zone géographique différente et pendant une semaine, les salariés, les managers de diverses entités et la direction générale, explique Nicolas Rolland, directeur d’Engie University. Le prochain aura lieu à Paris en juillet. Après Singapour, le Pérou ou la Belgique, il rassemblera plus de 1 000 collaborateurs et aura pour thème le digital.» Pendant ces sommets internes, les collaborateurs assistent à des conférences données par des intervenants externes et peuvent également participer à des séances de questions-réponses avec un ou plusieurs membres du comex du groupe.

Du management de proximité

Toutefois, le team building fonctionne également par direction. «Tous les deux mois, j’emmène mon équipe se mettre au vert pendant deux jours, toujours dans des lieux variés, explique Judith Jiguet. Malgré une charge de travail parfois lourde, j’impose ce moment de partage qui lie l’équipe grâce à un temps de travail collaboratif sur notre vision et notre stratégie et un moment de convivialité pour mieux nous connaître : un escape game ou une troupe d’improvisation théâtrale par exemple.» C’est le cas également de certaines directions financières qui usent de cette méthode. «Début 2017, la direction financière a subi beaucoup de mouvements, il fallait recréer un lien au sein de ce département, indique Delphine Guyon. Aussi, une journée de travail autour du directeur financier a donc été organisée pour lui donner l’occasion de présenter sa vision et un escape game a clôturé la journée. Cela a permis une meilleure compréhension des objectifs et le sentiment d’appartenir à la même équipe.»

Toutefois, tous les niveaux de l’entreprise ont désormais droit à leur moment de cohésion. Les dirigeants aussi participent à des séminaires spécialement élaborés pour eux. «Au sein d’Engie, tous les quinze jours, le vendredi, nous faisons venir une personne extérieure, par exemple un chef d’orchestre comme Michel Podolak, pour échanger avec les dirigeants et les conseiller sur la façon de piloter une équipe», souligne Judith Jiguet.

Accélérer la co-construction

Enfin, si ces temps de respiration sont très énergisants pour les salariés, ils leur offrent surtout une expérience d’apprentissage innovante et collaborative. «Pendant ces séminaires ou ces universités d’été, la direction propose un sujet de réflexion et les collaborateurs conceptualisent des solutions pour demain. On les forme aussi à des techniques de brainstorming, on leur apprend à pitcher, on les aide à acquérir de nouvelles compétences», détaille Mathilde Le Coz, directrice du développement des talents et de l’innovation RH chez Mazars. Les directions financières en profitent quant à elles pour s’exercer à des situations de crise ou sur le digital par exemple.

Par ailleurs, ces séminaires constituent également un excellent moyen de présenter les résultats d’une entreprise et de faire passer des messages. «Le professionnel et les loisirs doivent pouvoir être complémentaires, souligne Delphine Guyon. Le team building est une formidable occasion d’aligner les salariés sur les objectifs de l’entreprise, de leur expliquer où on est et où on va.» Au moment de la réforme d’Engie en 2017 par exemple, 800 postes devaient être supprimés. Une réflexion commune a permis d’aboutir à de nombreux départs volontaires. «La culture du partage est très importante : mieux on se connaît, mieux on résout les problèmes», poursuit Judith Jiguet.

Toutefois, pour être pleinement crédibles, ces événements doivent être suivis d’actions concrètes. «Pour donner un sens à ces rencontres, apporter une suite est l’obligation fondamentale, confie Delphine Guyon. Pour être efficace et encourager les effectifs, il est indispensable de garder de la matière provenant de ces moments d’échanges. Il faut établir un plan d’actions et avancer sur certaines d’entre elles.» Plus qu’un bol d’air offert aux salariés, le team building permet donc de définir des méthodes de travail sur la durée. 

Le Mondial de football, machine à cohésion

- Selon un sondage BVA-Orange réalisé mi-mai, 59 % des Français comptaient suivre les retransmissions des matches de la Coupe du monde de football 2018.

- Si la productivité risque de baisser dans les entreprises, cet événement peut constituer une belle opportunité de renforcer la cohésion au sein des équipes. Des groupes comme PwC, Thales, ou encore Pierre & Vacances-Center Parcs ont donc décidé de créer des «fan zones» pour permettre à leurs collaborateurs de regarder les matches de l’équipe de France en direct. Le cabinet Deloitte, quant à lui, organise même un derby entre équipes internes.

- Par ailleurs, pour favoriser le team building au sein des entreprises, la start-up Mon Petit Gazon a lancé pour l’occasion un concours «Mon Petit Prono» grâce auquel chaque salarié peut entrer lui-même ses pronostics sur une plateforme créée pour l’entreprise.

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