Baromètre

Des rémunérations en hausse pour les trésoriers

Publié le 10 novembre 2017 à 11h23    Mis à jour le 10 novembre 2017 à 15h36

Anaïs Trebaul

Le besoin de compétences financières de plus en plus pointues profite aux trésoriers, comme en témoignent les résultats de la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, la DFCG, l’AFTE, l’Ifaci et Option Finance.

Tout va bien pour les trésoriers ! Non seulement les augmentations salariales sont courantes pour eux puisqu’ils sont 46 % à en bénéficier chaque année, mais ces dernières ont été encore plus nombreuses et plus importantes en 2017, selon la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français des auditeurs et contrôleurs internes (Ifaci) et Option Finance. De fait, 76 % des trésoriers ont vu leur salaire fixe progresser de 4 % en moyenne, alors qu’ils étaient 66 % l’an dernier à bénéficier d’une hausse de 3,5 % de leur rémunération. Le salaire fixe moyen atteint ainsi 94 100 euros cette année, contre 80 000 euros en 2016. En parallèle, la part variable a également progressé, passant de 9,8 % en 2016 à 11,6 % en 2017.

Une charge de travail plus forte

Plusieurs raisons ont poussé les entreprises à mieux rémunérer leurs trésoriers.

D’abord, les trésoriers constituent une profession particulièrement sollicitée puisqu’ils sont 74 % à avoir été contactés pour un autre poste cette année, et les deux tiers d’entre eux l’ont été au moins deux fois.

«Depuis dix-huit mois, nous constatons un décalage encore plus fort entre le nombre d’offres de poste en trésorerie et la demande, remarque Véronique Nassour, déléguée générale de l’AFTE. Les fonctions des trésoriers sont de plus en plus larges ; ils ont davantage de responsabilités à assumer, ce qui amène les directions à renforcer les équipes et chercher les bons profils.»

Les trésoriers peuvent d’autant plus être tentés d’accepter ces propositions qu’ils sont mobiles, puisqu’ils sont 66 % à se dire prêts à déménager pour une opportunité professionnelle en France ou à l’étranger.

Par ailleurs, la valeur ajoutée de leur tâche ne cesse de se renforcer. Ils se voient ainsi confier la mise en œuvre des projets rémunérateurs pour l’entreprise. «Avec la faiblesse des taux d’intérêt, de nombreux trésoriers ont renégocié la dette de leur groupe pour réduire son coût, observe Véronique Nassour. Sur cette base, plusieurs d’entre eux ont perçu une augmentation de leur rémunération fixe ou un bonus.»

En parallèle, de nouvelles missions sont venues s’ajouter à celles habituelles. «Les trésoriers ont de plus en plus de reporting et de tâches administratives à remplir du fait des évolutions réglementaires financières et bancaires, notamment depuis le règlement européen European Market Infrastructure Regulation (EMIR) et le règlement général sur la protection des données (RGPD), explique Véronique Nassour. En outre, ils sont de plus en plus impliqués dans les questions de gestion des risques liés au crédit client.»

Ce plus large éventail d’interventions se traduit toutefois par un alourdissement de leur emploi du temps. «Les trésoriers ont toujours eu de longues journées mais, depuis la crise, leur charge de travail s’est alourdie», souligne Véronique Nassour. Ils sont de fait 40 % à vouloir que le rapport entre leur vie privée et leur vie professionnelle soit plus équilibré. A la question concernant les améliorations souhaitées par les trésoriers, cette problématique arrive ainsi en tête avec celle sur la reconnaissance de leur travail. «Le métier de trésorier a des aspects tellement techniques que même la hiérarchie (directions financière et générale) ne comprend pas toujours les détails de leurs missions, ce qui peut être décourageant pour certains trésoriers», relève Véronique Nassour.

Des trésoriers satisfaits

Malgré tout, les trésoriers restent attachés à leur poste. Selon le baromètre, ils sont en très grande majorité satisfaits de leur poste (88 %). De plus, ils sont seulement 8 % à avoir changé de poste l’an dernier, et 32 % à l’envisager dans les douze prochains mois, en interne ou dans une autre entreprise.

Il est vrai que c’est une profession où l’on tend à faire carrière. «Le métier de trésorier est spécifique ; ses attributions varient fortement en fonction des périmètres allant de problématiques de comptabilité bancaire à des sujets de cash controlling et de financements», souligne Mikaël Deiller, directeur des divisions Finance et Comptabilité de Michael Page et Michael Page Interim Management. Développant souvent des expertises propres à leur discipline, les possibilités de passerelles vers une autre fonction financière sont de ce fait moins évidentes. Les trésoriers évoluent davantage en élargissant leur périmètre d’intervention et en traitant des missions et projets plus complexes». Ainsi, ils sont 66 % à avoir exercé une profession similaire dans leur précédant poste et 41 % à envisager d’évoluer dans ce domaine. Un tiers d’entre eux envisagent tout de même de devenir directeur financier en fin de carrière.

La technologie au service des trésoriers

  • Les avancées technologiques modifient peu à peu le quotidien des trésoriers. «Parmi les nouvelles solutions existantes, la profession a notamment été impactée par l’utilisation de plateformes qui comparent les informations et gèrent les opérations de façon plus rapide et plus fiable», indique Véronique Nassour, déléguée générale de l’AFTE.
  • De ce fait, les besoins de formation sur le sujet sont de plus en plus nombreux. «Nous constatons une hausse des demandes de formation sur les questions technologiques, observe Véronique Nassour. Notamment, les trésoriers sont de plus en plus nombreux à vouloir utiliser les services des fintechs dans leur quotidien, et ont besoin de bien évaluer les services proposés pour sélectionner les plus utiles pour leur entreprise.» Ces évolutions technologiques encouragent aussi les trésoriers à se renseigner sur d’autres sujets. «Si les nouveaux outils facilitent le travail des trésoriers, ils ne sont pas sans risque, précise Véronique Nassour. C’est pourquoi en parallèle, les besoins en formation sur les risques de fraude liés à ces nouvelles technologies sont de plus en plus forts. C’est le rôle de l’AFTE d’aider ses adhérents à identifier les bons outils et à remplir leur mission de façon efficace, sécurisée et conforme aux réglementations.»

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