Directeurs financiers

Faible progression des salaires en 2013

Publié le 6 décembre 2013 à 18h05    Mis à jour le 20 octobre 2014 à 16h02

Guillaume Benoît

Dans une année encore difficile, les directeurs financiers ont enregistré, pour la plupart, une stabilité de leur rémunération ou une faible augmentation. Une tendance qui a cependant moins touché les PME que les grands groupes.

En matière de salaires, 2013 ne restera pas dans les annales pour les directeurs financiers. D’après le baromètre des fonctions financières, réalisé par l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Michael Page et Option Finance, mené auprès de 1 025 professionnels de la fonction finance issus de grands groupes, d’ETI ou encore de PME cotées et non cotées, les augmentations se sont faites discrètes cette année. Ainsi, dans les grands groupes, 33 % des responsables d’une fonction finance ont enregistré une progression de leur rémunération comprise entre 1 % et 3 %, tandis que 38 % n’ont tout simplement pas été augmentés.

Dans les PME et ETI, ce constat est encore plus marqué puisque le nombre de directeurs financiers ayant conservé le même niveau de salaire atteint respectivement 60 % et 64 % !«On sent nettement les effets de la crise dans cette modération salariale qui touche les directeurs financiers, témoigne Johann van Nieuwenhuyse, directeur senior chez Michael Page Finance et Comptabilité. Les plus petites structures, principalement exposées au marché français, ont connu une année difficile. De leur côté, les grands groupes étant plus diversifiés géographiquement, un directeur financier d’une ligne de produits, par exemple, a pu bénéficier du dynamisme enregistré par sa businnes unit dans les régions en croissance.»

Mais l’explication de cette différence entre petites et grandes structures tient également à une donnée moins conjoncturelle. «Dans les PME, les directeurs financiers sont très souvent fidèles au directeur général qu’ils accompagnent, et bénéficient d’un marché de l’emploi plus restreint, ce qui limite parfois “l’utilité” des hausses salariales explique Johann van Nieuwenhuyse. Les grands groupes, en revanche, possèdent des politiques de rétentions des talents, qui passent par des augmentations pour les éléments les plus prometteurs.» Ainsi, 8 % des directeurs financiers appartenant à de tels groupes ont vu leur rémunération progresser de plus de 10 % en 2013 contre 4 % dans les PME et les ETI.

Des niveaux de salaires fixes allant de 80 000 à 300 000 euros selon la taille de l’entreprise

Cette même dualité s’applique aux niveaux de rémunération fixe. «Si l’on met à part le salaire du directeur financier central d’une entreprise du FBS 120, qui s’établit en moyenne à 300 000 euros, la majorité des directeurs financiers appartenant à des business units de grands groupe perçoivent une rémunération fixe dépassant 90 000 euros, alors que la plupart de leurs homologues (57 % dans une ETI et 76 % pour une PME) sont en dessous de ce chiffre», souligne Johann van Nieuwenhuyse. Plus précisément, 19% des responsables de la fonction finance d’une ETI et 37% au sein d’une d’un PME sont payés moins de 60 000 euros par ans, et 38% à 39% touchent un salaire compris entre 60 000 et 89 000 euros. Dans une grande structure, 31 % des directeurs financiers bénéficient d’un fixe

compris entre 90 000 et 120 000 euros et 22 % dépassent ce niveau. En outre, si l’on ne tient pas compte des contrôleurs financiers, ayant le titre de directeurs financiers, le salaire moyen peut atteindre les 150 000 euros en package.

A ces émoluments s’ajoute, dans la majorité des cas, une rémunération variable. 74 % des directeurs financiers en bénéficient dans les PME et les ETI, et 88 % dans les grands groupes. Toutefois, le montant de cette part variable diffère significativement selon la taille de l’entreprise. Dans les grands groupes et les ETI, 35 % d’entre eux perçoivent ainsi un variable correspondant au moins à 15 % de leur salaire fixe, tandis qu’ils ne sont que 17 % au sein des PME. De même les critères d’attributions varient fortement. Si en moyenne, 66 % des directeurs financiers percevant une part variable bénéficient d’un bonus lié à des objectifs individuels, ils sont 74 % dans un grand groupe, et 56 % dans une PME. A l’inverse pour 23 % des professionnels interrogés appartenant à une petite structure, ce dernier est lié à des éléments non quantitatifs contre 15 % dans les plus grosses entreprises. «Dans les grands groupes, les rémunérations variables dépendent principalement de la performance de l’entreprise et de celle du directeur financier, au travers d’éléments mesurables témoigne Johann van Nieuwenhuyse. Dans les PME, il s’agira plus d’une appréciation qualitative, sur le bon déroulement d’un projet, par exemple la mise en place d’un ERP ou de nouveaux indicateurs.»

Des véhicules de fonctions de plus en plus fréquents

De façon plus hétérogène, une rémunération additionnelle peut également être accordée par les entreprises. Ainsi, 39 % des directeurs financiers perçoivent une participation et 34 % un intéressement. Les stock-options, pour leur part, sont très peu répandues, puisqu’elles ne concernent que 4 % des responsables de la fonction finance. «Ce faible chiffre s’explique non seulement par l’alourdissement de la fiscalité pesant sur ces produits, qui les a privés d’une partie de leur intérêt, et par le fait que les entreprises ont beaucoup limité leurs enveloppes en période de crise, explique Johann van Nieuwenhuyse. Or les directeurs financiers ne font pas partie des bénéficiaires prioritaires de ces outils.»

Parmi les autres avantages généralement pratiqués par les entreprises, des retraites complémentaires sont attribuées à 18 % des directeurs financiers ayant répondu à l’enquête, tant dans les grands groupes (22 %) que dans les PME (15 %). Mais ce sont surtout les véhicules de fonction qui constituent le principal avantage complémentaire chez les responsables financiers, puisque près de 50 % d’entre eux en bénéficient. Dans les grandes structures, cette proportion est même passée de 55 % l’an dernier à 62 % en 2013 !

Un turnover limité

Au-delà des problématiques de rémunération, les directeurs financiers ont cette année encore – en termes de gestion des collaborateurs – pu compter sur la fidélité de leurs équipes. La majeure partie d’entre eux (55 %) estime que la fréquence moyenne de départ, au sein de leur direction financière est supérieure à cinq ans. Par ailleurs, les directions financières sont restées plutôt stables dans leur composition. 70 % des responsables de la fonction finance n’ont ainsi constaté aucune mobilité interne dans leur équipe. Pour les autres, seuls 19 % ont vu un ou plusieurs collaborateurs évoluer vers un poste de niveau supérieur, tandis que 14 % ont rejoint une fonction d’un niveau similaire. Dans l’ensemble, ces mobilités ont principalement concerné les métiers de la comptabilité et surtout du contrôle de gestion. Cette dernière fonction est d’ailleurs, avec celle de contrôleur financier, le meilleur moyen d’être promu au sein de la direction financière, voire vers des services opérationnels.

En ce qui les concerne, les directeurs financiers, pour leur part, se voient majoritairement poursuivre leur carrière dans la fonction finance. Ainsi, 44 % d’entre eux envisagent de rejoindre à ce poste une autre entreprise, tandis que 21 % souhaitent rester dans la même société, mais avec un périmètre élargi. Les candidats à la direction générale sont, pour leur part, plus rares (18 %). Enfin, 5 % se déclarent prêts à se lancer dans une aventure entrepreneuriale. Cet attachement à leur métier se trouve en partie dans le degré de satisfaction qu’affichent les directeurs financiers. Même si 49 % souhaiteraient bénéficier d’un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, et 36 % d’une meilleure reconnaissance de leur travail, ils sont 66 % à se montrer contents de leur poste. Un sentiment qui pourrait s’améliorer l’année prochaine. Chez Michael Page, on estime en effet qu’après trois années de restrictions, les salaires des responsables de la fonction finance devraient repartir à la hausse.

Recrutement : Les comptables privilégiés

Pour étoffer leurs équipes, les directeur financiers ont particulièrement ciblé les comptables. 42 % des directeurs financiers ont ainsi procédé à un recrutement dans ce domaine. Les postes pourvus concernent principalement les comptables classiques (69 %). Les chefs comptables ou les comptables uniques ont représenté 15 % des embauches, les directeurs ou responsables comptables 10 % et les crédit manager 6 %. Les contrôleurs de gestion ont également fait l’objet d’une attention particulière pour 23 % des directions financières.

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