Trésoriers

Une situation contrastée

Publié le 14 novembre 2013 à 14h45    Mis à jour le 20 février 2014 à 11h05

Guillaume Benoit

Après les contrôleurs de gestion et les consolideurs, la seconde édition du baromètre des fonctions financières, réalisée par l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Michael Page et Option Finance, se penchent ce mois-ci sur les trésoriers. Un poste de technicien toujours très recherché, mais dont la rémunération dépend de l’ampleur de ses attributions, parfois très différente selon les entreprises.

Si 2012 avait enregistré une nette augmentation de la rémunération des trésoriers – pour certains d’entre eux, la progression avait dépassé 8 % – 2013 semble marquer une pause. En effet, selon les résultats de l’étude sur les rémunérations, réalisée par l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Michael Page et Option Finance, auprès de 1 025 professionnels de la fonction finance issus de grands groupes, d’ETI ou encore de PME cotées et non cotées, la proportion de trésoriers déclarant ne pas avoir été augmentés est passée de  31% l’an dernier à 37 % aujourd’hui. Quant à ceux qui ont vu leur rémunération progresser, la hausse s’établit entre 1 % et 3 % pour 55 % d’entre eux contre 39 % en 2012, et entre 3 % et 5 % pour 4 % des professionnels interrogés. Ils étaient pourtant 19 % dans cette catégorie l’an dernier.

«Cette année, les entreprises ont plutôt cherché à renforcer leur maîtrise des coûts, et, de ce fait, ont plus sollicité les contrôleurs de gestion. Certaines spécialités de cette fonction ont été favorisées, particulièrement le contrôle de gestion industriel, analyse Johann van Nieuwenhuyse, directeur senior chez Michael Page Finance et Comptabilité. Toutefois, la hausse des salaires dont ont bénéficié les trésoriers se situe dans la bonne moyenne des métiers de la direction financière. En outre, il s’agit toujours d’un poste qui connaît une pénurie durable de candidats, ce qui permet à un professionnel qui change de poste de négocier sa rémunération de façon favorable.»

Une importante différence de rémunération liée à la gestion des financements

Ainsi, en moyenne, les salaires ont plutôt progressé, pour dépasser légèrement les 55 000 euros atteints l’an dernier. Cependant, dans le détail, la situation et assez contrastée. 19 % des trésoriers indiquent gagner moins de 40 000 euros brut par an, 22 % entre 50 000 et 60 000 euros,  19 % entre 60 000 et 70 000 euros et 22 % plus de 80 000 euros.

«Cette disparité s’explique par le fait que selon la taille de l’entreprise et le niveau hiérarchique du trésorier, les missions – et donc les compétences demandées à un trésorier sont très différentes», souligne Johann van Nieuwenhuyse. Le trésorier d’un petit groupe de PME, par exemple, sera en charge de la gestion des flux quotidiens, dans les volumes définis par le plan prévisionnel de trésorerie, de la relation de base avec les banquiers, et, dans certains cas, des placements de trésorerie court terme et sans risques, ainsi que des produits de couvertures simples.

«A l’autre bout du spectre, on trouve les directeurs de la trésorerie des grands groupes, qui sont, pour leur part, également en charge des financements, explique Johann van Nieuwenhuyse. Ils prennent une part plus importante à l’élaboration de la stratégie de l’entreprise, en négociant les nouvelles lignes de crédit avec les banques, en gérant le cash pooling, ou en proposant plusieurs solutions pour trouver les ressources nécessaires à la réalisation, par exemple, d’une opération de croissance externe.» Ils interviennent en collaboration active avec le directeur des fusions-acquisitions, le directeur fiscal ou le directeur juridique. Du fait de leur champ important de responsabilité, ils perçoivent des rémunérations importantes qui peuvent atteindre 120 000 euros entre sept et dix ans d’expérience, et 200 000 euros au-delà.

Une part variable peu répandue

Ils peuvent également bénéficier d’une part variable représentant 10 % à 20 % de leur salaire annuel. «Lorsqu’un directeur de la trésorerie et du financement propose une solution optimale pour financer une acquisition, il percevra en outre un bonus discrétionnaire qui peut être plus que significatif», confirme Johann van Nieuwenhuyse. Pour les trésoriers aux compétences plus restreintes, une telle rémunération complémentaire est plus rare. Ainsi, plus d’un quart des professionnels interrogés ne bénéficie pas de bonus, et pour 48 % d’entre eux, il équivaut à moins de 10 % de leurs émoluments fixes. «Cette situation n’est pas surprenante, souligne Johann van Nieuwenhuyse. L’action du trésorier a assez peu d’influence sur le résultat du groupe, comparé, par exemple, à un contrôleur de gestion.»

Par ailleurs, les autres avantages complémentaires (stock-options, véhicule de fonction…) restent rares, et sont, là encore, plutôt réservés aux directeurs de la trésorerie et du financement.

Des profils très variés

Une des autres raisons de la disparité des niveaux de salaires au sein de la fonction trésorerie tient à la diversité des profils. «Alors que, pendant longtemps, les trésoriers étaient souvent d’anciens comptables qui avaient progressivement développé des compétences en matière de gestion du cash, ces parcours ne concernent plus que 7 % des professionnels en poste, témoigne Johann van Nieuwenhuyse. De plus, depuis cinq ans, les formations diplômantes se sont multipliées, y compris au sein des universités. Nous voyons donc arriver de jeunes candidats qui intègrent les équipes de trésorerie dès leur premier poste en entreprise.»Ces derniers sont encore minoritaires (4 % des professionnels ayant répondu à l’enquête), mais ils progressent. Néanmoins, dans l’ensemble, les trésoriers sont plutôt expérimentés : 41 % affichent une ancienneté de 5 à 10 ans, et pour 26 %, elle est comprise entre 11 et 15 ans.

Pour 4 % cette expérience a été acquise dans le contrôle de gestion et la même proportion a occupé précédemment la fonction de trésorier de banque. Les autres profils représentent pour leur part 22 % des trésoriers. «Dans cette catégorie, on trouve beaucoup d’anciens banquiers d’affaires ou d’investissement qui ont souhaité rejoindre un poste corporate, explique Johann van Nieuwenhuyse. Le métier de trésorier est en effet l’un des rares à offrir des passerelles entre l’univers bancaire et celui de l’entreprise.»Enfin, la très grande majorité des trésoriers –59 % – est issue… d’une équipe de trésorerie d’entreprise. «Il s’agit d’une fonction spécialisée, dans laquelle on fait carrière», témoigne Johann van Nieuwenhuyse.

Un accès possible au poste de responsable administratif et financier

Cette fidélité à la fonction trésorerie s’explique également par le niveau élevé de satisfaction professionnelle affichée par ses membres. Il s’élève à 78 %, soit une hausse de 14 % par rapport à 2012 ! «Avec la crise, les entreprises ont porté plus d’attention aux questions de liquidités, ce qui a de ce fait valorisé l’action des trésoriers», analyse Johann van Nieuwenhuyse. Et lorsqu’ils se projettent dans l’avenir, ces derniers s’imaginent avant tout responsables ou directeurs de la trésorerie, à 59 %. 19 % espèrent pour leur part devenir responsable administratif et financier.

«Cette évolution de carrière peut tout à fait être envisageable dans une PME pour un trésorier également compétent en comptabilité, car ce sont les deux principaux domaines dans lesquels il devra intervenir», affirme Johann van Nieuwenhuyse. De façon plus surprenante, 15 % souhaiteraient s’orienter vers le contrôle de gestion, ce qui paraît difficile tant les matières sont différentes. Enfin, dernier enseignement de l’étude, une proportion importante des trésoriers se montre ouverte à la mobilité géographique, tant en France (56 %) qu’à l’étranger (67 %). Une flexibilité qui pourrait se révéler utile puisque, d’après plusieurs spécialistes du recrutement, les groupes implantent de plus en plus leurs centres de services partagés dédiés ou leur trésorerie centralisée dans d’autre pays que la France.

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