Télécoms

Interview - Ramon Fernandez, directeur général délégué, finance et stratégie du groupe Orange

Publié le 28 novembre 2016 à 14h47    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 11h43

En 2015, le Groupe a présenté son nouveau plan stratégique «Essentiels2020» succédant à «Conquêtes 2015». Cette feuille de route à horizon 2020 doit permettre à l’entreprise de se forger une image « d’entreprise digitale, efficace et responsable » et ainsi retrouver le chemin de la croissance. Fin 2016, les résultats et le déploiement de l’opérateur historique sont-ils satisfaisants ?

Orange a enregistré au 2e trimestre 2016 son 4e trimestre consécutif de croissance du chiffre d’affaires. Est-ce la fin de la crise ?

Au cours des dernières années, nous avons engagé des actions ambitieuses pour soutenir notre chiffre d’affaires tout en continuant à réduire nos coûts, dans un contexte de marché très concurrentiel, en particulier en France. Aujourd’hui, la croissance soutenue en Afrique et au Moyen-Orient (4 % à 5 % en moyenne), la reprise en Europe, tirée par l’Espagne et la convergence dans tous nos pays, et l’augmentation de notre ratio investissement/chiffre d’affaires (17 % en 2016 contre 15 % en 2014, soit près de 7 milliards d’euros en 2016) nous permettent de retrouver le chemin de la croissance. Quant à nos coûts, notre plan stratégique Essentiels2020 prévoit 3 milliards d’économies brutes supplémentaires sur la période 2015-2018.

Orange est 12e opérateur mondial et l’un des premiers en Europe. Qu’est-ce qui vous permet d’atteindre ce niveau ?

La qualité de nos réseaux, l’engagement des femmes et des hommes du groupe, et notre capacité d’innovation. La force de notre bilan joue aussi en notre faveur. Parmi les opérateurs télécoms, nous bénéficions de l’une des meilleures notations avec une perspective stable. Notre dette nette est d’environ deux fois notre Ebitda. Nous restons actifs dans sa gestion, mais nous préférons conserver un taux d’endettement prudent avec un bilan solide pour privilégier notre capacité d’investissement et construire l’avenir. Et ce, même si les conditions financières paraissent favorables.

Votre intérêt pour l’Afrique ne diminue pas, vous avez réalisé de nouvelles acquisitions en 2015-2016. Au détriment de l’Europe ?

L’Europe et la France restent au cœur de notre stratégie. Nous avons investi 3,4 milliards d’euros en 2015 pour racheter Jazztel et accélérer la convergence en Espagne. Nous misons pleinement sur la convergence entre fixe et mobile dans chaque pays où nous sommes présents. L’Europe a pris du retard en matière d’investissement dans le très haut débit, probablement du fait d’une fragmentation excessive de ses marchés et d’une politique de la concurrence trop exclusivement tournée à court terme vers les prix les plus bas pour le consommateur. Deux visions s’opposent : celle des autorités de la concurrence qui estiment que la consolidation des marchés domestiques risque d’aboutir à une hausse des prix, et une autre, que nous partageons, qui s’appuie sur une capacité maintenue à innover et à investir afin d’obtenir des prix plus bas. La fragmentation peut être un frein sur le moyen et long terme.

Au-delà de l’Europe, nous misons sur l’Afrique et le Moyen-Orient qui demeurent les moteurs de notre croissance à l’international. Les perspectives de croissance future y sont très importantes. D’ici à 2020, 1,5 milliard de personnes en plus auront accès à Internet, dont au moins la moitié d’Afrique. Soit un vrai potentiel de développement.

Quid d’une Europe des télécoms ?

Il serait souhaitable d’appartenir à un ensemble fort face à la concurrence américaine et asiatique. Il faut construire une régulation à 27 qui soit plus favorable et permettre l’émergence d’opérateurs européens puissants. L’élaboration d’un Code européen des communications électroniques par Bruxelles va dans ce sens. Il apporte de vrais progrès en termes de promotion de l’investissement dans la fibre, sur le traitement plus équitable des géants d’Internet et une harmonisation du spectre. Ces progrès sont encore lents, mais il faut les soutenir.

En pleine révolution numérique, qu’est-ce qui fera la différence entre les acteurs du secteur dans les prochaines années ?

La clé de l’avenir sera d’offrir une connectivité et une expérience client incomparables. L’analyse des données de nos réseaux nous permettra par exemple de mieux identifier les difficultés de connexion de nos clients, de manière plus automatique et plus proactive.

Chez Orange, nous misons également sur deux axes de diversification : l’Internet des objets et la finance mobile. Sur le premier, notre force réside dans notre maîtrise des réseaux et notre capacité à gérer des flux presque inimaginables de données, et sur le deuxième, nous avons déjà l’expérience réussie d’Orange Money en Afrique où nous avons plus de 22 millions de clients. En Europe, le smartphone est devenu la télécommande de la vie et nous voulons proposer un service de banque mobile simple, digital et efficace. Orange Bank sera lancée en 2017 en France avec cette ambition dans le cadre du partenariat que nous avons noué avec Groupama.

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