Transformation d'entreprise

L’humain, acteur principal des projets de transformation digitale

Publié le 7 décembre 2018 à 10h10    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 11h32

Anne Del Pozo

Le succès des projets de transformation digitale des entreprises passera autant, si ce n’est davantage, par la prise en compte de l’humain que par les nouvelles technologies. Leur mise en place nécessite donc une évolution des mentalités, des méthodes de travail, ainsi que des capacités à manager ou à être managé différemment. Pourtant, malgré les enjeux du numérique, les entreprises sont encore trop peu nombreuses à placer l’humain au cœur de leurs projets digitaux.

Aujourd’hui, le collaborateur est beaucoup plus qu’une simple ressource au service de l’entreprise. Il est le moteur même du changement. «D’ailleurs, il ne souhaite plus être traité comme un élément remplaçable et interchangeable, mais bien comme un élément clé de l’organisation, qu’il faut aider à grandir, constate Jean-Christophe Conticello, fondateur et CEO de Wemanity. Le collaborateur devient par conséquent un champion dans son organisation et dans son domaine afin d’aller plus loin en tant qu’individu œuvrant au sein d’une équipe, laquelle collabore elle-même au cœur d’une organisation globale.» Des propos corroborés par le livre blanc Workplace 2025 de Fujitsu, selon lequel l’un des principaux challenges auxquels les entreprises devront faire face dans les années à venir portera sur le changement radical de la structure de l’organisation, avec des frontières de plus en plus floues entre les différents niveaux de responsabilité, et une plus grande flexibilité et agilité des méthodes de travail.

Décloisonner les organisations

La mise en place de ces méthodes agiles commence ainsi par la transformation culturelle et les modifications de l’organisation telles que le désilotage et la fin de l’organisation pyramidale, avant même les changements technologiques qui interviendront pour leur part dans un second temps en accompagnement de cette évolution. «L’implémentation d’une méthodologie agile ne doit pas se concentrer sur un seul département, en l’occurrence la DSI, poursuit Jean-Christophe Conticello. La transformation doit aller bien au-delà d’un service et ne pourra avoir de réel impact que si la transformation agile intervient au niveau de l’entreprise entière. Il convient de commencer par se transformer en interne pour pouvoir aller attaquer le marché et être prêt à concurrencer les start-ups qui assiègent de tous les côtés, de coopérer avec elles ou encore d’en créer de nouvelles jusqu’à devenir un gigantesque “start-up studio” ou une CorpUp.» Dans le cadre de cette approche, les entreprises doivent également mettre en place des stratégies relatives à l’environnement de travail axées non seulement sur la productivité des individus, mais surtout sur une collaboration et une cocréation efficaces à l’échelle de l’entreprise et du marché, tout en favorisant la santé et le bien-être de chacun.

Adapter les environnements de travail

Malgré de nombreux projets de refonte des stratégies actuelles visant à répondre aux exigences de l’environnement de travail de demain ainsi qu’aux évolutions métiers, les entreprises restent néanmoins à la traîne sur ce sujet. Selon une étude monde Pierre Audoin Consultants (PAC) réalisée en 2017 pour Fujitsu, beaucoup de décisions relatives aux environnements de travail actuels constituent avant tout des obstacles à leur évolution. Les résultats de cette étude montrent qu’en plus de la sécurité, les entreprises sont également confrontées à des problèmes de technologies obsolètes et à des environnements de travail incapables de supporter de nouvelles méthodes. Par ailleurs, les entreprises ne progressent que lentement vers un environnement de travail adapté aux exigences de demain, ne parvenant pas à moderniser de nombreux processus essentiels. «Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une révolution de l’environnement de travail, analyse Ramanan Ramakrishna, head of service innovation and portfolio chez Fujitsu EMEIA. Les fondations posées par les entreprises, à la fois en termes de technologies et de changements culturels, auront un impact sur leur compétitivité future. Même si les organisations progressent, le chemin est encore long. Si ces tendances décisives ne font pas l’objet de stratégies efficaces de redéfinition de l’environnement de travail, les entreprises risquent de voir leurs gains à court terme éclipsés par les coûts à long terme, sans parler d’une incapacité grandissante à attirer les talents ou à répondre aux exigences en matière de réglementation.»

A cet effet, mais également pour répondre aux exigences actuelles de personnels multigénérationnels, chacun avec ses attentes respectives, il est important que les entreprises planifient et investissent dès aujourd’hui dans une stratégie pour la définition de l’environnement de travail de demain. Il s’agit d’une étape indispensable pour qu’elles restent pertinentes tout en retenant leurs collaborateurs et en fournissant une expérience utilisateur digitale cohérente, tant pour les employés que pour l’entreprise dans son ensemble.

«Si les entreprises veulent suivre le rythme et créer un cadre évolutif pour l’environnement de travail de demain, elles doivent d’abord avoir une vision claire des rôles et compétences dont elles auront besoin pour le planifier efficacement et poser les bases requises, souligne Benjamin Revcolevschi, directeur général de Fujitsu France.Cela depuis la mise en place d’espaces de bureau et d’infrastructures jusqu’aux compétences techniques nécessaires pour établir et soutenir un effectif qui sera défini notamment par l’IA.»

Les technologies au service des méthodes de travail agiles

Pour gagner en agilité et en productivité, rester dans la course à la compétitivité ou encore favoriser l’innovation, il est également indispensable que les entreprises mettent en œuvre les outils leur permettant de valoriser les savoirs et la gestion des connaissances. En effet, pour accompagner la transformation digitale de leur organisation, les collaborateurs vont de plus en plus avoir besoin de systèmes informatiques hautement flexibles, pouvant à la fois s’adapter en toute simplicité à leur façon de travailler et favoriser leur collaboration, tant au sein de l’entreprise qu’auprès de leur écosystème. Il convient par exemple, dans le cadre de cette approche, de remplacer les services et hiérarchies d’entreprise rigides d’aujourd’hui par de petits réseaux collaboratifs comprenant des équipes de collaborateurs indépendants internes et externes, connectés via des plateformes de communication unifiée avec le soutien d’assistants intelligents. Les employés ne seront plus définis par un seul rôle, leur contribution et leur mode de travail s’adapteront de façon dynamique à l’évolution des besoins en termes de tâches. Par ailleurs, les entreprises devront également revoir l’agencement traditionnel de leurs bureaux, afin d’y intégrer plus d’espaces de collaboration, en utilisant par exemple la réalité virtuelle et la réalité augmentée pour les réunions.

Attirer les talents

Enfin, la mise en place d’un nouvel environnement de travail est d’autant plus impérieuse que les entreprises seront bientôt confrontées à une guerre des talents et auront de plus en plus de difficultés à attirer des employés pour combler le déficit imminent de compétences. «Les entreprises n’ayant pas mis en place de stratégie technologique appropriée pour l’environnement de travail de demain risquent véritablement de prendre du retard dans la course aux talents, insiste Benjamin Revcolevschi. Elles ne seront tout simplement pas en mesure d’attirer des profils vers un environnement de travail qui sera perçu comme désuet.» Elles doivent comprendre que les décisions stratégiques qu’elles prennent aujourd’hui en matière de transformation de l’environnement de travail, d’un point de vue technologique mais aussi social, auront un impact majeur sur le recrutement de profils compétents ainsi que sur les possibilités futures pour mettre en place ou interférer des écosystèmes métiers. «Ainsi, avec la culture et l’organisation, ce sont donc les deux tiers de la transformation numérique qui portent sur l’humain et concernent avant tout les femmes et les hommes qui travaillent pour l’organisation, conclut Jean-Christophe Conticello. La gestion de notre bien le plus précieux que sont nos artisans de tous les jours, les collaborateurs de notre réussite future, est capitale pour la révolution à venir. Faute de quoi il va devenir impossible pour les entreprises non seulement de recruter de nouveaux talents, mais également de retenir les meilleurs éléments sur un marché tel que nous le connaissons aujourd’hui.»

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