Très endettée, la société Rallye vient de se placer sous une procédure de sauvegarde financière, qui lui permet durant un délai maximal de 18 mois de ne plus payer les intérêts sur sa dette. Un choix qui a surpris les spécialistes en restructuring, l’usage voulant qu’une phase amiable de négociation avec les créanciers (conciliation ou mandat ad hoc) soit lancée en amont. Considérée comme «agressive» par certains, la stratégie de Jean-Charles Naouri augure des discussions tendues.
C’est ce qui s’appelle prendre tout le monde de court. Le 23 mai au soir, Rallye, la maison-mère de Casino et de Go Sport, informait de son placement sous procédure de sauvegarde financière. Cette dernière, «qui peut durer jusqu’à 18 mois et protège les entreprises qui ne sont pas en état de cessation des paiements, a pour objectif de leur laisser le temps de réaménager leur endettement (qui peut être étalé sur une période maximum de 10 ans) et d’assurer leur pérennité», précisait la société dans un communiqué. Certes, les difficultés opérationnelles de Casino, qui contribue à hauteur de 98 % du chiffre d’affaires consolidé de Rallye et qui a accusé une perte nette en 2018, conjugué au poids de l’endettement de la holding qui avoisine 2,9 milliards d’euros (voir encadré), tendaient à donner du crédit à l’hypothèse de plus en plus évoquée d’une restructuration financière du groupe. Mais l’annonce n’en a pas moins surpris les spécialistes en restructuring.
Une majorité des deux tiers
Ceux-ci ont d’abord été surpris par le timing. «Pourquoi avoir lancé une telle procédure maintenant, alors que les problèmes de Rallye ne sont pas plus importants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a plusieurs semaines et que la société n’était pas véritablement acculée à très court terme ?», se demande l’un d’eux. De l’avis de plusieurs analystes financiers, ce calendrier découlerait d’une volonté de court-circuiter les nombreux investisseurs qui avaient pris des positions vendeuses tant sur Casino que Rallye dans l’espoir que les rumeurs autour de l’insoutenabilité de l’endettement des groupes contribuent à entretenir le plongeon de leurs cours boursier.