On lit souvent que les humains vont être remplacés par les machines. Même si cette affirmation souvent reprise peut parfois relever du fantasme, la question de la répartition du travail entre individus et robots mérite aujourd’hui d’être posée pour chaque métier et pour chaque activité où la machine peut intervenir compte tenu des évolutions technologiques en cours.
Par Bruno Dondero, professeur à l’Ecole de droit de la Sorbonne et avocat associé de CMS Francis Lefebvre Avocats
L’innovation est devenue un état permanent. Nous vivons sous un flux constant d’annonces d’une révolution imminente dans tous les domaines d’activité. Une part substantielle des articles de presse porte désormais sur le recours à l’intelligence artificielle (IA) que va opérer tel secteur économique, sur le fait que tel instrument d’utilisation courante va désormais être connecté, ou sur l’utilisation nouvelle de telle catégorie de données. On l’aura compris, cette innovation qui pourrait bouleverser nos vies est technologique.
Tous les secteurs, en réalité, ne sont pas logés à la même enseigne, car la part que peuvent prendre les machines n’est pas partout la même. La voiture automatique entraînera, lorsqu’elle sera vraiment opérationnelle du point de vue technologique et lorsque les contraintes normatives auront été levées, la disparition d’une partie des taxis et VTC, et peut-être même de la totalité d’entre eux. D’autres secteurs apparaissent plus protégés : on peut ainsi raisonnablement supposer que nous préférerons pendant longtemps encore confier nos cheveux aux ciseaux d’un véritable coiffeur plutôt qu’aux bras mécaniques d’un robot, même si les seconds sont aussi efficaces que les premiers. Mais cela est-il si sûr ? Une coupe de cheveux réalisée en quelques secondes pour un prix très inférieur à celui pratiqué par un salon de coiffure employant des humains a tout de même des chances de trouver un public !
Une certitude au moins : les prédictions sont difficiles quant à l’impact possible de l’innovation. Pour autant, on peut s’efforcer de distinguer le fantasme de la réalité.
Le fantasme
Quel que soit votre secteur d’activité, vous pouvez être sûr...