Bilan 2016

Le marché français de la gestion collective poursuit sa progression

Publié le 3 février 2017 à 10h43    Mis à jour le 29 juin 2021 à 10h37

Catherine Rekik

Avec une collecte de 35,5 milliards d’euros, le marché des fonds de droit français enregistre sa deuxième année de tendance positive. Toutefois, les flux de souscriptions se sont concentrés sur la gestion monétaire et sur certains segments obligataires. Les fonds actions, qui avaient bénéficié en 2015 de flux acheteurs, ont subi des pressions vendeuses, tandis que les fonds flexibles, véritable succès de collecte ces dernières années, voient l’intérêt des investisseurs faiblir.

Après un premier semestre compliqué, le marché des fonds de droit français a rebondi sur les derniers mois de l'année. Selon Six Financial Information, les encours ont atteint 856,5 milliards d'euros, soit une progression annuelle de 4,3 %. Le plongeon des marchés financiers en début d'année et la volatilité liée au référendum britannique ont eu raison de nombreuses gestions, mais, grâce au rebond des marchés actions, le marché a bénéficié de 17,3 milliards d'euros de gains de performance.

Cependant, explique SIX Financial Information, le marché doit surtout sa bonne tenue annuelle aux flux de souscriptions qu'il aura réussi à attirer : 35,5 milliards d'euros contre un score de 41 milliards d'euros en 2015. En dépit des rendements négatifs désormais servis par une large majorité de portefeuilles monétaires, les fonds de trésorerie ont, comme l'an passé, bénéficié d'un formidable afflux de souscriptions nettes positives. Aux 19 milliards d'euros qui leur ont été alloués en 2015 s'ajoute une collecte annuelle de 26,9 milliards d'euros, dont la ventilation demeure extrêmement favorable aux portefeuilles les plus longs en matière de maturité. La catégorie trésorerie s'octroie 35,4 milliards d'euros de flux d'achats, quand la catégorie trésorerie court terme enregistre 6,2 milliards d'euros de flux sortants.

Dans le prolongement de ces allocations, les gestions obligataires des catégories court terme et très court terme auront été recherchées. A elles seules, elles s'approprient 6,7 milliards d'euros de souscriptions nettes, soit la part prépondérante des 9 milliards d'euros de flux d'achats dévolus au segment des fonds obligations. Très prisées, les stratégies inflation ont attiré 1,4 milliard d'euros.

Du côté des actions, la classe d'actifs tire son épingle du jeu grâce à l'effet performance, car les souscriptions nouvelles sont peu nombreuses et les opérations des investisseurs restent principalement animées par des arbitrages géographiques. En 2016, ces opérations ont particulièrement profité aux gestions actions marchés émergents, qui renouent avec une collecte positive de 2,1 milliards d'euros, au détriment des gestions de valeurs Europe (- 1,3 milliard d'euros), Amérique du Nord (- 580 millions d'euros) et Asie (- 401 millions d'euros). Toutefois, l'accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis inverse, en fin d'année, la polarité des flux des investisseurs. Quant aux ETF, ils ont été les principaux instruments de ces opérations d'arbitrage, mais leur collecte annuelle, 2,3 milliards d'euros sur le segment actions, ressort plus limitée que les années précédentes.

En revanche, les gestions actives de stock picking voient 4,7 milliards d'euros de flux leur échapper. Sur l'année, les fonds actions affichent 609 millions d'euros de rachats nets, contre des flux positifs de 3 milliards d'euros en 2015.

 

L'appétit pour les fonds flexibles faiblit

Par ailleurs, SIX Financial Information indique que les gestions de convertibles ont subi de multiples demandes de sorties des investisseurs. Les catégories de fonds euro et Europe cumulent d'importants rachats, tandis que les gestions de catégorie convertibles internationales résistent mieux à ces opérations. La classe d'actifs enregistre un véritable retournement de tendance en 2016, et voit 2,2 milliards d'euros de flux lui échapper.

En 2016, l'appétit des investisseurs pour les fonds flexibles a connu un net fléchissement : seulement 472 millions d'euros de flux nets entrants ont alimenté ces fonds de stratégies directionnelles, contre une collecte de + 5,4 milliards d'euros l'an passé. En revanche, aucune baisse de régime pour le long/short actions, qui demeure une stratégie recherchée par des investisseurs avertis ; ces fonds ont rassemblé une demande comparable à l'an dernier, et étoffée de 1,7 milliard d'euros. La collecte du segment performance absolue se complète de 671 millions d'euros pourvus aux fonds multistratégies, quand les catégories d'arbitrage enregistrent des rachats. L'ensemble du segment affiche une collecte annuelle de 2,1 milliards d'euros, assez loin de son score de l'an passé, qui avait réuni 8,5 milliards d'euros de flux entrants.

Enfin, SIX Financial Information précise que le marché français continue de voir son offre de fonds se restreindre. Le nombre de fonds clôturés, de l'ordre de 350 cette année, reste en effet supérieur au nombre de fonds créés, qui pourrait se situer autour de 230. Cette tendance, enclenchée en 2009 mais qui marquait des signes de ralentissement ces deux dernières années, a repris de l'ampleur en 2016, notamment du côté des fonds diversifiés. Egalement à l'œuvre, le transfert des gestions de fonds de droit français vers des plateformes européennes continue d'animer les gammes des gestionnaires. Ces fusions transfrontalières, principalement au bénéfice d'enveloppes luxembourgeoises et irlandaises, ont porté sur un peu plus de 11 milliards d'euros d'encours en 2016, contre un peu plus de 14 milliards d'euros un an auparavant.

ISR, une croissance des encours supérieure à celle du marché

L' intérêt des investisseurs pour les actifs gérés en ISR se confirme. Selon SIX Financial Information, en 2016, dans un marché de gestion collective des fonds de droit français en hausse de + 4,3 %, la gestion ISR a enregistré une croissance de 6,1 % des encours, l'équivalent de 4,8 milliards d'euros d'actifs supplémentaires. La masse des actifs gérés en ISR atteint 82,9 milliards d'euros et représente désormais 9,7 % du marché français des fonds. Cette hausse des encours n'est plus seulement la résultante des conversions de fonds, mais bien aussi des efforts de commercialisation des sociétés de gestion. L'an dernier, près d'une quarantaine de nouvelles parts de fonds ont été ouvertes à la commercialisation. Cette dynamique est sensiblement comparable à celle de 2015, qui avait compté près d'une cinquantaine de nouveaux lancements, alors que le nombre de fonds, toutes gestions confondues, commercialisés sur le marché français a tendance à diminuer. Par classe d'actifs, la répartition des encours ISR reste dominée par les gestions monétaires. Avec 41,7 milliards d'euros sous gestion, les fonds de trésorerie représentent une part de 50 % des actifs ISR (contre 53 % fin 2015).

En décollecte de 389 millions d'euros sur l'année, ces gestions n'en demeurent pas moins très usitées par les investisseurs. Les gestions de court terme du segment obligations ont retenu l'attention des investisseurs. Avec 827 millions d'euros de flux captés cette année, elles s'octroient la part prépondérante des flux d'achats dévolus aux gestions obligataires ISR, soit 1 milliard d'euros. Fort de cette demande soutenue, ce segment des fonds obligations ISR s'octroie une part de 10 % des encours ISR. Côté actions, les gestions ISR affichent également de bons résultats de collecte. La demande profite plus particulièrement aux gestions de valeurs européennes, avec des fonds de catégorie euro qui auront bénéficié de 641 millions d'euros de flux d'investissement nets, pendant que les gestions d'actions Europe étaient pourvues de 188 millions d'euros selon les chiffres de SIX Financial Information. L'éventail de la demande des investisseurs s'élargit aux gestions thématiques, qui auront engrangé des allocations de 208 millions d'euros. Du côté de l'offre, le nombre de sociétés de gestion demeure stable. Amundi AM, qui gère en ISR 29,1 milliards d'euros, enregistre une décollecte de 1,1 milliard d'euros, largement induite par les sorties de ses gestions ISR de trésorerie. Parmi les bons résultats de collecte figurent BNPP AM, OFI AM, Ecofi Investissements et Sycomore AM.

BNP Paribas AM et Carmignac Gestion renouent avec la collecte

Comme en 2015, Amundi s'octroie de nouveau une part très significative des flux de collecte. Comme le souligne SIX Financial Information, le leader européen de la gestion d'actifs réitère en effet ses excellents résultats sur la plupart des expertises qui l'avaient déjà distingué l'an passé, en particulier les gestions de taux ; les flux drainés par les gestions d'actifs de long terme demeurent également sur un niveau élevé. Ses deux filiales BFT IM et CPR AM figurent également parmi les meilleurs collecteurs de l'année et affichent une hausse sensible de leurs encours.

En situation de rachats nets ces deux dernières années, la gestion collective de BNP Paribas Asset Management renoue avec un score de collecte positif en 2016. Pour cette enseigne aussi, le monétaire a attiré l'essentiel des flux de souscriptions. Pour la troisième année consécutive, AXA IM affiche son dynamisme, le monétaire et l'obligataire assurant une part importante de la collecte de l'enseigne. Carmignac Gestion revient au premier plan sur le marché français avec 2,8 milliards d'euros de collecte. Selon SIX Financial, c'est l'un de ses fonds phares du segment obligataire qui s'approprie un peu plus de 5 milliards d'euros de flux d'achats, soit une part significative des montants alloués à la classe d'actifs. Les autres expertises de l'enseigne sont toutefois en situation de décollecte ; cette dernière est nettement moins prononcée que l'an passé sur les actions (- 608 millions d'euros), mais elle aura rassemblé 1,5 milliard d'euros de flux sortants sur le fonds Carmignac Patrimoine.

Toujours du côté des indépendants, Sycomore AM s'illustre une nouvelle fois par ses bons résultats car, comme le souligne SIX Financial Information, les gestionnaires étant parvenus à réaliser une collecte nette positive sur le segment des actions ont été plutôt rares en 2016. Ses expertises de sélection de valeurs européennes, principalement, auront attiré une foule d'investisseurs tant institutionnels que particuliers, et réuni 946 millions d'euros de flux d'achats. Les gestions flexible et d'arbitrage (long/short actions) sont également plébiscitées ; leur collecte de 250 millions d'euros complète les résultats de l'enseigne spécialiste. A contrario, les résultats de DNCA Finance ont été décevants par rapport aux deux dernières années. La plupart des fonds du gestionnaire sont en rachats et induisent des sorties nettes sur chacune des expertises, en particulier celle de la gestion multi-asset. Au total, la filiale de NGAM a enregistré 932 millions d'euros de flux sortants.

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