«Tempête» sur les obligations internationales, ou pourquoi investir en global bonds ?

Publié le 21 novembre 2014 à 16h18    Mis à jour le 2 décembre 2014 à 18h15

David Hoffman

Les marchés obligataires mondiaux sont devenus particulièrement intéressants suite à la crise financière: les Etats-Unis et les autres marchés du G3 semblent plus synchrones et risqués qu’avant 2008, tandis que les marchés hors G3 et les pays émergents ont rarement affiché des couples rendement/risque aussi attrayants.

Les atouts de la diversification

L’analyse historique des performances obligataires mondiales révèle que le pays affichant la meilleure performance une année peut se retrouver en dernière position l’année suivante, et vice versa. Une approche de gestion mondiale permet d’éviter les extrêmes.

La diversification doit aussi porter sur les devises. Sur une année donnée, le marché obligataire d’un pays peut générer des performances moyennes en devises locales, mais une devise peu chère et qui s’apprécie offre aux investisseurs une source supplémentaire de revenus.

Conséquence des effets de la politique monétaire et fiscale américaine, la part des instruments adossés à la dette souveraine des Etats-Unis sur le marché global des obligations libellées en dollars a fortement progressé. Les titres émis par l’Etat ou liés au secteur public représentent aujourd’hui plus de 75 % de l’indice large Barclays U.S. Aggregate Bond. Le marché obligataire américain est devenu de plus en plus homogène en raison de ce fort volume d’émissions adossées à la même entité – l’Etat américain –, dont la notation crédit a par ailleurs été remise en question.

Ainsi, les Etats-Unis et d’autres pays émettent de la dette à des niveaux de rendement extrêmement faibles. Afin de mitiger les risques, il est pertinent d’élargir l’approche aux principaux pays développés. Les investisseurs qui croient aux scénarios de croissance s’intéresseront aux pays dont les économies sont fortement liées aux matières premières, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, tandis que les eurosceptiques rechercheront des opportunités en Pologne, en Suède ou au Royaume-Uni. Les investisseurs qui souhaitent être exposés à la Chine, mais ne veulent pas y investir directement, peuvent acheter de la dette de qualité investment grade à Singapour et en Malaisie. 

Les investisseurs commencent progressivement à apprécier l’amélioration structurelle de nombreuses économies en dehors du G3. Ces pays, qui affichent une meilleure qualité de crédit et une liquidité plus forte, bénéficient par conséquent d’un plus faible niveau de risque et d’un moindre coût d’emprunt et sont ainsi plus résistants face à la volatilité du marché.

 

Une dynamique en mutation

Depuis plus de quinze ans, entre la dette et les dépenses excessives des Etats-Unis et la production et l’épargne excessives de la Chine, les deux principales économies du système financier mondial se cherchent un point d’équilibre. Impact sur l’économie mondiale : une impression de croissance rapide, sans inflation, depuis près de deux décennies. Mais le désendettement du secteur privé, associé à de nouveaux critères de prêts et à la recapitalisation du système bancaire, ont contraint la Chine, ainsi que d’autres économies émergentes, à identifier de nouvelles sources de demande.

Les pays émergents ont rapidement dopé leurs économies afin de surmonter les effets de la crise, renforçant simultanément leurs perspectives de long terme en encourageant la consommation intérieure. En pourcentage, la consommation du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine a plus que doublé au cours de la dernière décennie. De plus, la part du PIB mondial représentée par les pays en dehors du G3 continue de croître – des économies qui, selon nos anticipations, devraient se renforcer sans dépendre des Etats-Unis.

 

Conclusion

Dans ce contexte, la meilleure manière d’aborder la gestion obligataire internationale est de privilégier les zones offrant de la valeur intrinsèque, à la fois au niveau des taux d’intérêt et de la valorisation des devises, afin d’identifier les marchés obligataires générant des rendements réels élevés.

Ensuite, une analyse pays rigoureuse permet d’évaluer les éléments de solidité et de faiblesse structurelle d’une économie, son exposition à l’évolution des forces mondiales et la pertinence de la politique économique en œuvre.

Enfin, il faut se détacher des indices et privilégier une gestion de conviction concentrée sur les pays et les devises offrant les meilleurs potentiels de performance.

David Hoffman

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