La «nouvelle route de la soie» marque le déplacement de la croissance vers l’est

Publié le 30 janvier 2015 à 9h59    Mis à jour le 4 février 2015 à 10h34

Paul Ehrlichman

Le virage économique de l’Occident vers l’Orient constaté depuis la crise financière mondiale est un thème transformationnel à long terme qui éclaire nos perspectives d’investissement.

La région des pays asiatiques émergents et en développement, telle que la définit le FMI, reste celle qui affiche la plus forte croissance à l’échelle mondiale, avec une progression du PIB de 6,5 % en 2013 contre 1,3 % pour les économies occidentales. Les effets cumulés au fil du temps de ces écarts expliquent en grande partie l’émergence de la Chine.

Pour nous, il est prématuré de s’inquiéter du repli de la croissance chinoise. Pékin a récemment lancé sa propre structure d’investissement baptisée Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) avec l’appui d’une vingtaine de pays, afin de concurrencer la Banque asiatique de développement du Japon. Xi Jinping prévoit d’investir environ 1 025 milliards de dollars à l’étranger sur les dix prochaines années (contre 500 milliards actuellement).

Au cœur de la phase suivante de l’évolution de la Chine, figure la «Nouvelle Route de la soie». En passe de bénéficier de 40 milliards de dollars d’investissement dans le cadre d’une frénésie de dépenses d’infrastructures engagée par la Chine, cette «ceinture économique» a pour objectif immédiat de faire naître une demande extérieure sur une immense étendue allant de l’Asie du Sud-Est à l’Europe de l’Est. 

La Chine, qui vient de créer une «zone économique spéciale» dans la région du Xinjiang, prévoit d’accélérer la construction d’un réseau de transport terrestre qui réduira le parcours des marchandises transitant d’ouest en est. Comme ce fut le cas de Chicago à une époque, les villes isolées de la Chine occidentale ainsi que les pays limitrophes pourraient devenir d’importantes plaques tournantes en matière de transport. Le projet d’une version maritime de la Route de la soie à travers les voies maritimes de la mer de Chine méridionale et de l’océan Indien, qui prévoit la construction de nouveaux ports et la modernisation des ports existants, faciliterait le commerce et le transport de marchandises en provenance des fournisseurs asiatiques. 

Si la Chine est le fer de lance du développement, à l’est, des infrastructures et des projets axés sur la croissance, elle ne sera pas seule. La Banque asiatique de développement estime à 800 milliards de dollars le volume d’investissements annuels nécessaires jusqu’en 2020 pour satisfaire les besoins en matière d’infrastructures des pays asiatiques en développement. 

La Nouvelle Route de la soie ouvre un certain nombre de perspectives d’investissement, tant pour les entreprises locales que mondiales. La demande en faveur des infrastructures de transport et des services logistiques devrait augmenter, soutenant divers secteurs (ferroviaire, transport routier, construction de routes, bâtiment, matériaux de construction, transport maritime et installations portuaires). Indirectement, comme les dépenses associées amplifient la croissance économique régionale, certains secteurs comme l’acier, l’exploitation minière et les produits chimiques et certaines nations voisines comme le Japon et l’Australie devraient également bénéficier de cette dynamique. Le développement des villes situées le long de la Nouvelle Route de la soie offre également un potentiel de croissance aux fabricants et distributeurs de biens de consommation à l’échelle locale et mondiale.

La recherche d’opportunités d’investissement en Chine, durant cette phase de transition d’une croissance axée sur les exportations à une croissance intérieure, n’est pas évidente. Mais, face au ralentissement de ses investissements intérieurs, la Chine a besoin de nouveaux marchés et d’une nouvelle demande pour ses sociétés nationales d’infrastructures, ainsi que de débouchés d’investissement pour ses réserves de change estimées à environ 4 000 milliards de dollars. 

Les initiatives liées à la Nouvelle Route de la soie devraient permettre de résoudre ces problèmes. Les niveaux de valorisation des actions semblent peu élevés et les tendances positives dans la région semblent sous-estimées. Associé aux accords commerciaux bilatéraux conclus avec ses voisins, le programme d’investissement agressif de la Chine devrait rebattre les cartes dans un certain nombre de régions d’Asie et d’Europe.

Paul Ehrlichman

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